To Jacques Roux-Bordier   13 avril 1810

13 avril 1810

Mon cher ami, depuis que j'ai reçu votre lettre, je veux tous les jours vous écrire. Jamais je ne puis y parvenir. Ce sont toujours de nouvelles occupations qui semblent se réunir pour me priver de ce plaisir. Je vois venir l'époque où vous m'avez dit que vous seriez à Lyon. Ainsi, il vaut encore mieux prendre mon parti de ne vous écrire qu'un mot que d'attendre d'avoir plus de temps et, en retardant toujours dans cette espérance, manquer le moment où cette lettre peut vous trouver à Lyon. J'y serai d'ailleurs dans le courant du mois, j'espère vous y voir, et c'est un grand plaisir qui se joint dans ma pensée à celui de me retrouver avec Bredin, Ballanche et tant d'autres excellents amis que je n'ai pas vus depuis plus de deux ans.

J'ai fait faire une copie de votre Mémoire de métaphysique, dont je vous remercie bien et qui m'a fait grand plaisir, pour l'envoyer à Maine de Biran. M. Degérando est à Rome encore pour longtemps 1. Je serai forcé d'attendre son retour pour faire usage de l'autre Mémoire ; car je ne connais personne autre qui puisse avoir quelque influence sur les choses de cette nature et, depuis que j'ai quitté le Bureau consultatif, je n'ai presque plus de relation avec ceux qui travaillent dans des bureaux de ministères. Ce n'est pas d'ailleurs par leur canal qu'on peut faire passer une affaire de ce genre. J'attendrai donc son retour pour lui en parler.

J'ai vu Maine de Biran pendant un séjour de six semaines qu'il a fait à Paris, mais bien moins que je n'aurais voulu. Il avait tant d'affaires que nous pouvions rarement avoir de longues conversations. Nous en aurions eu bien besoin, car il y a encore plusieurs points sur lesquels nous ne sommes pas entièrement d'accord. Je serai bientôt à Lyon, j'espère vous y trouver et vous expliquer tout cela de vive voix mieux que je ne pourrais faire par lettre. Nous parlerons aussi de votre Mémoire. Si je ne vous en dis rien, c'est que j'ai pu à peine y jeter les yeux et que je veux m'en pénétrer 2. Nous sommes d'accord, à ce que j'ai entrevu, sur les points principaux.

Adieu, mon cher ami, vale et me ama. A. AMPÈRE

(2) Cf. Lettre 0365.
(3) Cf. Lettre 0286 (1806).

Please cite as “L360,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L360