From Claude-Julien Bredin   6 février 1811

6 février 1811

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Ne parviendras-tu jamais à maîtriser ton imagination qui te donne tant de douloureux moments, qui t'a fait faire tant de sottises et qui t'en fera faire bien d'autres si tu ne t'en rends pas maître ![245] [illeg] Si tu voulais seulement concevoir que tu es le maître de la diriger à ton gré ! Mais je te parle un langage que tu ne comprends plus ! Tu as perdu ta liberté, tu crois l'avoir perdue, il te semble que tu n'en as plus ![illeg]Il te semble que, si tu t'efforçais à diriger ton imagination, tu lui ferais perdre de sa vivacité, de sa force, de son feu. [illeg] [246] [illeg] Mon ami, tu aurais bien pu me dire quel est le trait affreux d'un homme qui, à présent, est dans le malheur. Il me semble que, sans blesser la charité, tu pouvais me le raconter.[illeg] Mais je vois qu'il s'agit de quelque chose qui tient aux idées que je regarde comme les plus importantes.[illeg]

Cette manière de voir dont tu me parles fait du bien, dis-tu, à ceux qui sont déjà excellents ; mais tu ajoutes qu'elle rend mille fois pires ceux qui, nés avec toutes les bonnes qualités qu'on désire dans le monde, s'abandonnent à cet orgueil intolérant. Qu'est-ce à dire ? Je sens que tu as tort.[illeg] [247] [illeg] [248] [illeg] [249]Mon ami, vois ces gens nés avec toutes les vertus que la société demande et qui, sous le joug de la religion, sont si mauvais ! Vois-les ; sont-ils chrétiens ? Tu dis toi-même qu'ils s'abandonnent à l'orgueil.[illeg] [250] [illeg] [252] [illeg]Je t'en conjure, ne mets pas sur le compte de la religion, des erreurs qu'elle condamne, des crimes qu'elle abhorre ![illeg] [253]

Please cite as “L376,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 23 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L376