To François Carron (frère deJulie)   14 août 1800

14 août 1800

Enfin, mon frère, mon bon ami, Julie m'a donné la seule chose qui manquât encore à mon bonheur 1. Ton petit neveu se porte bien, et Julie va aussi bien que cela se peut dans les circonstances où elle se trouve. Il a déjà tété sa tant bonne Maman qui a bien soin de lui. Si tu savais comme j'ai eu du plaisir quand je me suis approché du lit dans l'endroit où je l'entendais crier et que je l'ai vu couché sur le drap ! Ma pauvre Julie a bien souffert pour me faire ce joli présent. Heureusement que cela n'a pas duré aussi longtemps que le chirurgien me l'avait fait craindre ; il pensait que ce serait si long que jamais ma pauvre amie n'aurait pu y résister. Tout enfin a tourné pour le mieux, et ils se portent tous deux bien aujourd'hui. Je craignais que Julie n'eut beaucoup de fièvre car c'est le troisième (jour), elle n'en a au contraire presque pas eu. Adieu, mon bon ami, mon frère ; on ne me laisse pas le temps de m'entretenir avec toi. Il faut te quitter à mon grand regret. Toute notre famille se porte bien, excepté qu'élise a un mal de dents qui était hier assez violent. Ta femme est toujours à Collonges.

Adieu pour la dernière fois ; je t'embrasse de toute mon âme. Ton frère A. AMPÈRE

Tu me feras bien plaisir de faire part de cette nouvelle à mon oncle Carron et à sa famille. Surtout si tu y joins de notre part l'assurance de nos respectueux sentiments.

[P.S. deJulie] Mon bon ami, j'ai retardé la lettre de mon mari pour que ta Julie te dit elle-même qu'elle t'a fait un neveu. Je ne me trouve pas mal ; mais la chaleur me rend bien faible. C'est aujourd'hui le sixième jour et l'on ne trouve pas que je puisse t'écrire plus au long. Adieu, mon bon ami, mon bon frère. Je t'embrasse de tout mon cœur. Cela vaut mieux que de toutes mes forces. Dis mille choses à mon oncle et à ta famille.

Au citoyen Carron, Hôtel du cercle du Commerce, rue de la Loi N° 152, près le Boulevard, à Paris.
(2) La naissance de Jean-Jacques Ampère est du 12 août 1800.

Please cite as “L38,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L38