From Claude-Julien Bredin   14 octobre 1811

[77]Lundi 14 oct[obre] 1811

[illeg] Ballanche t'a écrit que tu pourrais peut-être avoir une place ici. Mon ami, tu sens que je me joins à lui pour te prier de songer à cela. Songe qu'à Paris, dans ce grand tourbillon, tu ne fais rien, tu n'as pas le temps de travailler à quelque chose de suivi. La vie s'écoule sans porter aucun fruit. L'arbre délaissé ne produit rien ; rends-lui son sol natal, l'atmosphère qui lui convient et tu verras quelle vigueur il reprendra ![illeg] Mais il a déjà poussé des racines ; il faut de grands efforts pour le détacher du nouveau sol. Oh, que je serais heureux si j'osais espérer que l'idée de Ballanche [illeg] [78] [illeg] Tu ne vis pas ; ici tu vivrais. Tu nous ferais vivre, nous qui t'aimons tant.[illeg] Tous tes moments consacrés à l'amitié et à la métaphysique ; toi-même te livrant à l'éducation de tes enfants, les formant à ces pensées d'hommes que tu souffrirais tant de ne pas leur voir. Et, dans les éducations de collège, ne détruit-on pas cette énergie de l'âme, n'étouffe-t-on pas cette chaleur du cœur ![illeg]

M. Huzard est ici. Sans cela, tes tableaux seraient déjà chez moi ; car j'ai peur comme toi que l'humidité les altère et les détruise ; je les regretterais beaucoup. Je songe surtout à Rebecca, très belle copie, composition charmante, quoique la Rebecca n'était pas assez élancée. Les formes trapues sont peu[79] favorables à l'expression de la noblesse ; mais le Poussin, si grand peintre, tombe souvent, presque toujours dans ce défaut.[illeg] [80] [illeg]

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