From Claude-Julien Bredin   20 décembre 1811

[32] 20 décemb[re] 1811

Mon pauvre ami, les forces de ton âme pour la douleur ne s'épuiseront-elles donc jamais ?

I1 y a huit ans que j'ai le bonheur de te connaître. Depuis ce temps, je crois toujours que tu es parvenu au comble de la souffrance. Il me semble toujours que les peines que tu endures sont sur le point de finir. Mais tu trouves toujours le moyen d'empirer ton état. Je suis malheureux aussi, je l'ai été toute ma vie. Mais quelle différence cependant ! Chez moi, cela va toujours en diminuant. Ma vie, toute pleine d'ennuis, de chagrins, de colères, de mécomptes, est cependant un paradis en comparaison de ce qu'elle était à l'âge de 10 ans, de 15 ans, de 20 ans. Toi, au contraire, tu as eu une heureuse enfance. Nous ne serons jamais heureux. Nous sommes déplacés. Notre vie est dérangée, nos forces sont déviées.[illeg] Le bonheur, nous en sommes bien[33] d'accord, n'est pas fait pour l'homme sur cette terre. Ja wohl, ich bin nur ein Wanderer, ein Walser auf der Erde kugel [illeg] [34] [illeg] [35] Occupe-toi, occupe ta tête ! La métaphysique, je n'ose pas t'en parler. Mets dans ta lettre une petite note sur la fameuse dispute de cet été : Le bonheur n'est pas le but de nos déterminations générales...

Please cite as “L403,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 2 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L403