From Claude-Julien Bredin   16 janvier 1812

[16 janvier 1812]

[28] [illeg] [29] [illeg] mon cher ami, où en es-tu avec les tourments de ta vie ? Qu'est-ce qui t'agite dans ce moment ? Qu'est-ce qui te bouleversait hier ? Qu'est-ce qui te torturait avant-hier ? Seras-tu donc sans cesse malheureux ? Ne trouveras-tu jamais du repos d'esprit ? Ton pauvre cœur ne sera-t-il donc jamais un peu calme, un peu serein ? Il est vrai que tu as de bien grands dédommagements. Tu m'as souvent dit que tu désires qu'on ne sache pas où tu en es précisément du christianisme. Sois donc plus retenu ! Car j'ai entendu, il y a deux jours, ces paroles :Ampère regrette le temps où il croyait à toutes les folies, etc. Voilà les propres expressions d'Ampère, a-t-on ajouté.

Tu sais, mon cher ami, si je suis fâché que tu penses ainsi sur notre divine croyance. Oh, oui, cela m'afflige beaucoup. Mais[30] cela ne m'étonne pas du tout. J'en ai été étonné dans le principe ; mais plus après que j'ai bien connu ce qu'était ton christianisme. Mon ami, tu n'as jamais connu l'évangile, la bonne nouvelle qui a été annoncée aux peuples de la terre. Ta religion avait je ne sais quoi de beau, de grand, d'intéressant comme tout ce qui s'empare de toi ; mais elle n'avait qu'une racine, un point d'appui au lieu de trois.[illeg]

Adieu, cher ami, tu sais que je t'aime de toute mon âme. C.J B

[31]A monsieur Ampère Cour du Commerce n°19 près de la rue des Fosses [ain]t Germain, Paris

Please cite as “L406,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L406