Mon bien bon ami, il y a si longtemps que je ne t'ai pas écrit que j'en suis bien honteux. Tu ne m'as point écrit non plus depuis que nous nous sommes quittés que ces cinq lignes dans la lettre de Bonjour qui m'ont fait tant de plaisir. J'étais bien triste de ton silence ; car tu sais bien que tout le plaisir qui me reste dans la vie c'est d'avoir tes lettres et celles de Bredin. Je dirais aussi de Bonjour s'il continue d'être bon enfant et de me dire toi comme dans sa dernière lettre. Tu sais à quel point il m'a toujours attiré. Tous les jours, depuis que je suis ici, je voulais t'écrire ; tous les jours se passaient en me promettant de t'écrire demain.
Tu as oublié, en me donnant de bonnes nouvelles de tous nos amis, de m'en donner de ton père et de ta sœur. Pour t'en punir, je t'en irai demander mercredi prochain, jour fixé pour mon arrivée à Lyon. La place est arrêtée par la diligence de Bourgogne partant d'ici samedi.
J'aurai trois semaines seulement à passer auprès de vous. Ce sera un temps bien heureux et peut-être le dernier de ma[894] vie. C'est une chose désolante que l'absence de Camille dans ce moment ; enfin il faut en prendre son parti. Mais, est-ce que son absence doit durer plus longtemps que le 20 octobre ? Voilà ce que tu as oublié de me dire. Tu me le diras en arrivant.
Je n'ai qu'un instant pour t'écrire. Voilà que Lenoir, Beuchot et Dugas [Montbel] m'ont promis de venir déjeuner avec moi. Dès qu'ils viendront, il faudra bien quitter la plume. Barret m'a écrit, il me priait de lui répondre. Je n'ai pu le faire, je vais lui écrire au verso suivant et, comme je ne sais son adresse, tu le lui feras passer tout de suite ; n'est-ce pas, mon bon ami ?
En attendant le plaisir de te voir, je t'aime et t'embrasse de toute mon âme. Mille choses a tous ceux que tu aimes. Ton ami, A. Ampère
Please cite as “L426,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 23 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L426