To Claude-Julien Bredin   1813

[1813 ?]

[224]Mon bon ami, je sens que je suis un être abominable de ne t'avoir pas écrit plus tôt. Il faudrait voir toute ma position pour ne pas m'en vouloir. Elle n'est plus si triste, mais elle est mille fois plus pleine de toutes sortes d'occupations. Je compose un mémoire sur l'application de certaines considérations mathématiques à la physique des gaz 1 et à la cristallisation ; je voudrais l'achever avant que M. Davy quittât Paris. Je l'espère encore ; mais il m'a tant mis en retard pour mon cours, dont les leçons vont toujours, que je n'ai pu y donner le temps même absolument nécessaire, et que je me suis réellement exposé à rester court. Je tremble d'inquiétude sur la manière dont se passera ma prochaine leçon.

Je n'ai pu écrire, ni à toi, ni à Ballanche, ni à Roux. Je m'en désespère. Je dois de l'argent à Ballanche, je n'ai pu encore[225] m'acquitter parce que je n'ai point reçu celui dont je me croyais assuré. Je t'en prie, en grâce, vois-le, dis-lui tout mon embarras, mon manque de temps, pour que son amitié me pardonne mon silence encore quelques jours. Je t'écris à la volée. Je ne peux absolument lui écrire aujourd'hui. Mais tu l'embrasseras pour moi, n'est-ce pas, bon ami.

Embrasse pour moi tous nos amis ! J'embrasse mille fois le plus cher, le meilleur, toi Bredin. J'ai vu Camille qui se porte bien. Tu sais si je t'aime, ô mon unique ami. A. Ampère

A monsieur Bredin Directeur de l'École impériale vétérinaire, à Lyon (Rhône)
(2) La lettre chimique à Berthollet est d'avril 1814.

Please cite as “L431,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L431