To Claude-Julien Bredin   28 avril 1813

[221] Moulins Mercredi 28 avril [1813]

Mon bon ami, me voici à Moulins, à 40 lieues seulement de toi. L'ordre de ma tournée ayant changé, je resterai huit jours avant d'aller à Clermont, où j'espère trouver une de tes lettres, et où je resterai au moins huit jours aussi. Si tout va comme je le désire, c'est-à-dire le plus vite possible, j'arriverai à Lyon le samedi 15 mai. Il me tarde de te voir ! Oh, tu ne peux t'en faire une idée ! Si je ne t'avais pas écrit, comme je le croyais alors, que j'irais d'abord à Clermont, j'aurais trouvé ici une lettre de toi. Au reste, si tu m'écrivais tout de suite, je recevrais ici ta lettre avant d'en partir. J'en aurais bien besoin, et, dans aucun cas, elle ne serait exposée à ne pas m'être rendue, parce que je prendrai les mesures nécessaires pour que toutes celles qui pourraient m'arriver ici après mon départ, me soient renvoyées à Clermont.

Tu verras M. de Guidi à Lyon, qui vient d'être nommé inspecteur d'Académie à Grenoble, et qui, comme je crois te l'avoir écrit, a beaucoup contribué à ta propre nomination. Je lui en veux tant de bien que, quoique je l'en[222] aie déjà bien remercié, je te prie de l'en remercier encore de ma part. Donne-moi de tes nouvelles et de celles de toute ta famille. Que ta lettre soit bien longue s'il est possible ! Tu es bien malheureux ; et moi aussi ; que nos lettres nous consolent mutuellement ! L'amitié n'est-elle pas le baume de toutes les maladies et les souffrances de l'âme ?

Je lis dans la voiture le nouvel ouvrage de M. Deleuze 1 * sur le magnétisme animal. Je te le prêterai pendant les huit ou dix jours que je passerai à Lyon. Je ne pourrai te le laisser. Je veux le relire à Paris... Je pense que tu en seras aussi content que moi ; il m'a fait une bien grande impression.

J'ai laissé ma sœur et mes enfants en bonne santé. Mme Duval et ses deux filles ont dîné chez moi mercredi dernier ; il n'y a rien de nouveau à leur égard. Mussy m'ôte à toi. Adieu, mon bon ami, je t'embrasse de toute mon âme. Mille choses de ma part à toute ta famille.

[223]A monsieur Bredin Directeur de l'École impériale vétérinaire, près des portes de Vaise, à Lyon (Rhône)
(2) Deleuze, 1753-1835, célèbre magnétiseur.

Please cite as “L447,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L447