To Pierre-Simon Ballanche   14 mai 1814

[895]Du Samedi 14 mai [1814]

Je ne sais pas, mon bien cher ami, si tu as reçu ma dernière lettre. Mais tu ne m'écris plus. Il y a bien quinze jours que la mienne est partie. Je ne sais si le cours des postes est tout à fait rétabli ; mais je n'ai reçu, depuis qu'il l'est, qu'une seule lettre de Bredin, à trois semaines de date. Il ne paraissait pas que celles que je lui ai écrites au nombre au moins de quatre ou cinq lui fussent parvenues. Je suis inquiet de vous tous. Périsse, arrivé ici jeudi soir, m'a dit qu'il t'avait vu ; cela me tranquillise sur ta santé ; mais pourquoi ne m'écris-tu plus, pourquoi ne lui as-tu pas donné un petit mot pour moi ?

Camille est venu dîner chez moi lundi dernier. Nous avons bien parlé de toi. Il pense que tu viendras peut-être à Paris et nous pensons tous deux que tu ferais à merveille sous toutes sortes de rapports. Je te développerais cela si j'avais plus de[896] temps. Mais sois sûr que tu t'en applaudirais bien ensuite ! Il y a mille et un motifs, dont un seul suffirait pour faire le voyage : pour le pousser, même jusqu'à Londres ; rappelle-toi tout ce que tu m'as dit à ce sujet ? Donne-moi, je t'en conjure, des nouvelles de Bredin. Je suis horriblement inquiet de sa santé et par son silence, et par ce qu'il m'en dit dans sa lettre du 3 avril, la seule que j'aie reçue. Tire-moi de cette inquiétude, je te le demande en grâce ; donne-moi aussi de tes nouvelles et de celles de ta famille ! Si tu pouvais savoir de Bredin s'il a reçu ma dernière lettre qui est des premiers jours de ce mois !... Mon ami, je voudrais te voir ici, j'ai une chambre et un lit qui t'attendent ; tu sais bien que tu m'as promis de loger chez moi quand tu viendrais à Paris.

Mme Camille a fait un heureux[897] voyage. Je ne l'ai pas trouvée ni Camille, le jour où j'ai été les voir.

Viens à Paris ! écris-moi, s'il te reste un peu d'amitié pour moi, des nouvelles de tous nos amis. Que devient ta presse atmosphérique, ton procédé pour la fonte des caractères ? Les circonstances ne sont plus contre toi comme l'été passé. Tiens-moi, je t'en prie, au courant de toutes tes pensées, de tous tes projets. Il faut que je quitte la plume pour sortir... Aime un peu Ampère ; il t'aime tant ! Adieu, bon ami, je t'embrasse de tout mon cœur. A. Ampère

[898]A monsieur Ballanche Imprimeur aux Halles de la Grenette, à Lyon (Rhône)

Please cite as “L480,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 20 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L480