From Claude-Julien Bredin   22 octobre 1815

[46] Lyon 22 octobre 1815

Je suis parmi les ruines de la Croix-Rousse. Cet endroit est plein de souvenirs pour moi. Je viens de passer une heure délicieuse à rêver, à me retracer les premières années de ma vie. C'étaient de tristes souvenirs. Mais tu sais que je trouve un grand charme dans les impressions tristes. En vérité, la tristesse est mon plus grand plaisir sur la terre. [illeg] J'ai aussi médité sur les grandes vérités. Je veux te faire connaître un obstacle à ma conversion, à ajouter à ceux dont je t'ai parlé. [illeg] Dire à un prêtre sage, à un vrai chrétien toutes les fautes que j'ai à me reprocher ; recevoir avec respect et soumission les conseils qu'il me donnera : il n'y a là rien qui me répugne.[illeg] [47] [illeg] Mais je ne voudrais pas tromper l'homme que j'aurais choisi pour être mon guide spirituel. Je ne saurais lui laisser croire que, lorsqu'il me donne l'absolution, je m'imagine recevoir un sacrement ; et quel est le prêtre qui me donnera l'absolution si je déclare que je ne veux de lui que des avis, des encouragements, des consolations et des prières ?

Et, sans cette absolution [illeg] je ne peux communier. [illeg] Tu sais bien que la croyance n'est pas une chose volontaire ; il ne dépend pas de moi de voir dans la confession un sacrement. [illeg] [illeg] Mon ami, j'attends plein d'espoir la lettre dans laquelle tu me diras comment nos J. et J. C. conçoivent la communion du corps et du sang de Jésus-Christ. Et toi, tu auras sans doute aussi médité là-dessus...

Mais me suis-je bien expliqué dans mes lettres ? Mon ami, ce n'est[48] pas une explication scientifique que je demande. [illeg] C'est à mon cœur, c'est à mon être intime qu'il s'agit de faire connaître la communion. Rappelle-toi la distinction que j'établis entre croire et avoir la foi.[illeg]

Please cite as “L521,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 2 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L521