To Claude-Julien Bredin   20 juillet 1816

[20 juillet 1816]
Cher ami,

me voici à Bordeaux à attendre mon collègue, plein de chagrin d'avoir sacrifié quelques degrés de perfection que j'aurais donnés à mon mémoire si j'étais resté deux ou trois jours de plus à Paris. Cela va être détestable. Parti le 17 pour arriver avant-hier, comme l'avait demandé M. Rendu, voilà deux fois 24 heures que je reste ici les bras croisés à l'attendre. Pendant ce d'envoyer par la poste à l'imprimeur ; elles arriveront peut-être trop tard et, dans tous les cas, ne diminueront guère le mal. Je n'ai qu'une pensée depuis deux mois la rédaction de ce mémoire 1. Il ne résultera de tout cela qu'un travail imparfait dont la publication ne me fera pas beaucoup d'honneur. Joins à cet ennui, celui de ne point voir venir M. Rendu, un gros rhume qui m'interdit la parole, un coup qui m'a déchiré le genou et m'empêche de marcher, une douleur dans les épaules qui a l'air d'un rhumatisme, sorte de mal que je ne connaissais pas encore ; les réflexions les plus tristes, tout en noir ; un calcul que j'ai voulu essayer qui m'a donné le contraire de ce qu'il fallait obtenir pour qu'il pût servir, tu auras un commencement d'idée de la situation de ton pauvre ami.

Dugas te porte les trois ouvrages que tu désirais. J'ai très peu essayé de les lire ; le peu que j'en ai lu m'a été absolument inintelligible.

M. Rendu entre chez moi et me fait aller loger avec lui dans un autre hôtel. Ainsi adieu !

(2) Les Comptes rendus de l'Académie ne mentionnent en 1816 et jusqu'au 24 janvier 1820 aucune communication scientifique d'Ampère.

Please cite as “L535,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 8 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L535