To Pierre-Simon Ballanche   Début octobre 1816 ?

[Début octobre 1816 ?]

[763]Cher ami, combien j'ai [du chagrin sur ce que] tu me dis de l'état de ta so[eur]. C'est un bien grand chagrin [pour moi de] penser que tu souffres et que [nous sommes] à cent lieues l'un de l'autre. [Que ne puis-je] être à Lyon pour partager [tes inquiétudes] si je ne pouvais les soulager. [C'est une] chose bien triste que cette [maladie] qui s'est emparée de ta sœur. Je [souhaite], si comme je l'espère, M. [ Ballanche ] se rétablit, que sa maladie aura interrompu cette disposition mélancolique ; car, dans cet état, il faut absolument être agité ; il vaut mieux l'être par de vives inquiétudes que de rester dans ce sombre repos de l'esprit où il se dévore lui-même.

Ma sœur a remis 600 francs à Beuchot afin que ces 600 francs, avec 4000 de capital et 400 pour les intérêts des deux ans qui échoiront le 1er janvier 1817, fassent 5000. Ainsi, si tu es si bon que d'envoyer à Beuchot un billet de 5000 francs à telle échéance que tu voudras et des billets de 250 francs d'année en année,[764] [illeg] tout sera arrangé,[illeg].

[Si ton ]père va mieux, que ton [es]prit soit tranquille, tu me feras bien plaisir d'arranger tout cela, parce que je sais que c'en sera un pour ma sœur, à qui je viens de payer, du moins pour la plus grande partie, les intérêts que j'avais laissé arriérer. Ma tournée m'a bien arrangé pour cela et je pourrai me mettre à jour à son égard à la fin du mois.

Je suis désolé que tu ne puisses pas venir à Paris. Mais je sens quel obstacle y met la maladie de ton père. J'espère que tu auras bientôt le plaisir de le voir guéri et qu'alors tu viendras ici ; je suis sûr que tu y seras plus heureux, et pour moi[765] quel bonheur ! Tu me dis : Dugas [est parti] hier. Quel [dommage] de n'avoir pas écrit [un mot] de plus pour fixer mes [incertitudes] ! Tu m'a mis par là dans ce [doute] : Est-ce une bonne nouvelle [qu'il m']annonce ? Est-ce seulement une plainte qu'il fait de ce que son ami est absent de Lyon ? Dans l'impossibilité où un rhume épouvantable me met de quitter ma chambre, j'ai écrit un mot à Montbel 1 à son ancien logement, qu'il a peut-être changé ; je n'ai point encore de réponse, je suis dans une incertitude qui me tourmente au plus haut degré.

Je sens que l'inquiétude doit t'ôter dans ce moment la faculté d'écrire ; mais l'orage ne dure pas toujours et, dès que ton âme sera tranquille,[766] [fais entendre] de nouveau ces chants ![illeg] [Je n'ai pas besoin] cher ami, de dire combien je suis affecté. Dis-le aussi à Mme [Polingue], tout l'intérêt que je [prends] à tout ce qui vous touche.

Je t'embrasse de toute mon âme. Mon cœur fait les vœux [les plus ardents] pour que tu sois bientôt [tiré d'inquiétudes] sur ton père, que tu [jouisses] avec délices du bonheur de [le voir] se rétablir et jouir d'une meilleure [santé]. A jamais ton ami. A. Ampère

Imprimeur aux Halles de la Grenette, à Lyon
(2) Dugas-Montbel.

Please cite as “L536,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 23 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L536