To Claude-Julien Bredin   1er octobre 1816 ?

[1er octobre 1816 ?]

Voilà, depuis hier, un nouvel obstacle à ce que je puisse aller à Lyon. L'ordonnance qui réorganise l'école a établi trois conseils : l'un dit de perfectionnement, l'autre d'instruction, le dernier d'administration. Dans celui-ci doit se trouver un des professeurs choisi chaque année par le Ministre. C'est moi qui suis désigné ; je ne m'y attendais pas, impossible de refuser ; me voici cloué à Paris.

Ce que tu m'écris m'afflige profondément ; rien ne pourra donc jamais nous rendre sages. En cette occasion, tu as mieux vu que moi ; car j'ai été complètement livré, jusqu'à ta lettre et à la lecture des noms des candidats que publient les journaux, à une illusion que je perds de jour en jour. Ce qui m'effraye, c'est de constater ici la joie des hommes les plus exaspérés dans le sens de la Révolution, en voyant que les choix seront surtout faits dans le parti le plus contraire au leur, et les tristes espérances qu'ils fondent là-dessus. Un esprit de vertige possède les rivaux. Combien ce que tu me dis de l'indépendance mutuelle où les deux puissances doivent être l'une de l'autre est vrai et comme il est aisé de juger d'après cela si elles sont conformes, l'une à la vérité et l'autre à la justice !

Tout m'annonce une grande époque religieuse ; mais je me désole en songeant que je ne vivrai pas assez pour la voir se prononcer de manière à juger ce qu'elle doit être. Je mourrai pendant la préparation de ces immenses événements. Ce n'est qu'après 300 ans de persécution que le christianisme s'est établi dans le monde. Nous sommes à présent comme les Romains sous les premiers empereurs, et alors lequel d'entre eux, s'il n'était éclairé par des lumières surnaturelles, pouvait soupçonner que la vérité était là ? Parles-tu souvent avec d'Ambérieux de ces idées qui rattachent la terre au ciel ? [illeg]

Please cite as “L537,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 10 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L537