To Claude-Julien Bredin   9 octobre 1816

[9 octobre 1816]

Je suis très agité d'un passage de ta lettre : Si tu étais venu, nous n'aurions pas lu Jacob Boehme ensemble, non, j'ai changé d'avis. Tu as changé d'avis ? Est-ce sur la vérité de ce qui est dans ce livre ? Le regardes-tu comme nuisible ou dangereux en général ? ou pour moi en particulier ? Explique-toi !

J'ai vu hier dans le journal l'élection de l'Ain. Félicite l'élu 1 en mon nom  ; j'attends son arrivée pour m'en réjouir avec lui. Heureusement tes conjectures ont été trompées ; les politiques, d'après des renseignements ministériels qu'on dit authentiques, comptent sur 150 des leurs et 80 ultras ; le reste est composé de beaucoup d'indécis et d'un très petit nombre de révolutionnaires.

Pourquoi me dis-tu  : Lis Ancillon ? Fera-t-il partie du grand mouvement des esprits et des cœurs vers le ciel ? La franchise d'une conviction intime, la liberté de l'expression de ce qu'on sent sera seule digne d'y concourir. Comment chacun ne verrait-il pas ce grand mouvement ? Avec quelle force il marche ! Retrouve un morceau du Moniteur, extrait du courrier qui a paru il y a huit jours contre les méthodistes d'Angleterre.

Puisque tu insistes sur ce maudit compte, je te l'envoie, afin que tu continues à me donner des commissions, et à la seule condition que tu accepteras sans discussion l'exemplaire du livre de Fabre d'Olivet que je t'adresse. Adieu, le plus cher des amis.

(2) César Jordan

Please cite as “L539,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 10 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L539