Je suis très agité d'un passage de ta lettre : Si tu étais venu, nous n'aurions pas lu Jacob Boehme ensemble, non, j'ai changé d'avis. Tu as changé d'avis ? Est-ce sur la vérité de ce qui est dans ce livre ? Le regardes-tu comme nuisible ou dangereux en général ? ou pour moi en particulier ? Explique-toi !
J'ai vu hier dans le journal l'élection de l'Ain. Félicite l'élu 1 en mon nom ; j'attends son arrivée pour m'en réjouir avec lui. Heureusement tes conjectures ont été trompées ; les politiques, d'après des renseignements ministériels qu'on dit authentiques, comptent sur 150 des leurs et 80 ultras ; le reste est composé de beaucoup d'indécis et d'un très petit nombre de révolutionnaires.
Pourquoi me dis-tu : Lis Ancillon ? Fera-t-il partie du grand mouvement des esprits et des cœurs vers le ciel ? La franchise d'une conviction intime, la liberté de l'expression de ce qu'on sent sera seule digne d'y concourir. Comment chacun ne verrait-il pas ce grand mouvement ? Avec quelle force il marche ! Retrouve un morceau du Moniteur, extrait du courrier qui a paru il y a huit jours contre les méthodistes d'Angleterre.
Puisque tu insistes sur ce maudit compte, je te l'envoie, afin que tu continues à me donner des commissions, et à la seule condition que tu accepteras sans discussion l'exemplaire du livre de Fabre d'Olivet que je t'adresse. Adieu, le plus cher des amis.
Please cite as “L539,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 10 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L539