To Claude-Julien Bredin   1er mars 1817

[1er mars 1817]
Cher ami,

ce matin j'avais reçu la grâce inappréciable de l'absolution. En rentrant, j'ai trouvé ta lettre n° 40, qui a changé en une mer d'amertume la douce paix dont j'avais été comblé en entendant ces mots sacrés : Amplius lava me ab iniquitate mea et a peccato munda me ! Que te dirai-je ? J'ai été trompé par le sens que j'avais donné à un de tes passages précédents. Cette illusion était si douce. Je croyais que tes paroles étaient celles d'un enfant soumis à l'église. Aveugle que je suis ! Pourtant je te disais assez que, grâce à la miséricorde infinie, j'étais catholique. Tu en paraissais comblé de joie, tu étais donc catholique ? Oui, mon ami, touché des prodiges de la miséricorde divine, tu as été catholique un moment ; mais la lumière s'est retirée pour quelque temps de toi, comme de moi quand je vins à Paris. Aujourd'hui ce n'est plus que dans l'église catholique que je trouve la foi et l'accomplissement graduel des promesses que Dieu n'a faites qu'à elle.

3 mars 1817 Comme j'allais continuer ce que tu viens de lire, ton n° 41 m'arrive. Cette église dont tu reconnais l'origine divine t'ordonne, durant le saint temps qu'elle a consacré à la mémoire du Sauveur, de te préparer à t'unir à la fête que tous les chrétiens célèbrent en souvenir de la résurrection ; car tu ne doutes pas que cette fête de Pâques n'ait passé sans interruption des Hébreux à l'église de Jérusalem et n'ait été portée alors par toute la terre à mesure qu'elle a reçu le salut en Jésus-Christ. Heureuse institution qui permet que tous les vœux des fidèles montent à la fois en un seul faisceau au pied du trône du Père céleste ! J'ai reçu une lettre bien originale de Roux sur la politique. Ma raison et la sienne sont aux antipodes l'une de l'autre. Je te quitte pour aller à une petite lieue de Paris, dans les champs, par un beau jour, avec un ami plein de pensées du ciel.

Please cite as “L548,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L548