To Claude-Julien Bredin   20 septembre 1817

[20 septembre 1817]

[illeg] Ballanche a envoyé pour toi à Lyon six de mes tableaux et trois exemplaires de l'ouvrage de M. de Biran * contre les éléments de philosophie de M. Laromiguière *. M. de Biranne veut pas que tout le monde sache que c'est de lui ; il veut seulement que quelques-uns le sachent : c'est à peu près impossible. Tu distribueras les tableaux comme tu l'entendras. Quant aux trois exemplaires, un est pour toi, l'autre pour Roux ; place bien le troisième : Gasparin par exemple ! Lis-le avec attention ; lis aussi l'article de M. Cousin sur l'Histoire de la philosophie de Buhle, qui se trouve dans le second numéro des Archives philosophiques, politiques et littéraires ! Tu verras là comme on se sert de mes idées sans me nommer.

Cher ami, ta manière de voir actuelle me trouble sans cesse. Je pense que tant d'admirables sentiments, tant de sacrifices, de prières sont perdus en toi, qu'une affreuse illusion t'empêche d'ouvrir les yeux aux lumières de l'évangile confié à l'église catholique [illeg] L'idée que tes fautes ne peuvent être effacées grâce à l'erreur dans laquelle tu es tombé, m'oppresse de telle sorte qu'il y a quelques jours, ne voyant plus de ressource à ta situation, je ne désirais qu'une chose : mourir avant toi dans l'amour de Jésus, afin de pouvoir obtenir de Dieu qu'il change et éclaire le cœur de mon ami... Combien le sort d'un sauvage de l'Amérique qui, lui, n'a jamais été appelé et est resté dans l'impénitence invincible, se trouve préférable au tien ! Je te serre contre mon cœur.

Please cite as “L555,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L555