To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   1801

[1558] Du lundi [Printemps 1801]

Je ne sais pas, ma bonne amie, quand j'aurai une occasion pour t'envoyer cette lettre ; mais je t'écris toujours pour me dédommager un peu de ton absence. Je fus voir ta sœur en arrivant pour \ta sœur pour/ lui donner des nouvelles de Périsse 1. Je fus ensuite écrire une quantité d'idées mathématiques dont j'avais besoin pour mon ouvrage, en sorte que je n'ai pas encore vu ta cousine. Dis à Périsse que M. Pichois a cessé aujourd'hui de prendre des leçons. Je crois que le voyage qu'il va faire à Valence ne sera pas bien long. En attendant, il y a un nouvel élève qui est venu aujourd'hui et qui commence mercredi, et qui[1559] pourra aller avec M. Duchol dans quelques jours.

Je me nourris de la pensée qu'à ton retour je pourrai t'offrir une bonne recette et un compte bien en ordre. J'ai imaginé, pour cela, d'écrire non seulement ma dépense, mais d'écrire à mesure ce que je tire du trésor 2, qui ne mérite pas encore ce nom, mais qui, je l'espère, grossira peu à peu.

Du mercredi - Je ne pus pas t'écrire hier, ma bien-aimée, à cause que Ballanche vint m'apporter ses productions depuis jeudi passé, et que nous restâmes à les lire jusqu'à 9 h. 1/4. Je n'ai qu'un moment pour m'en dédommager aujourd'hui ;[1560] car il se présente une occasion pour Poleymieux dont je veux profiter.

Oh, ma bonne amie, que je serai content samedi quand je pourrai te bien presser sur ce cœur que ton souvenir agite de trois lieues de distance, et que tu voudras bien me laisser dormir sur le bord du lit, où tu seras près de moi ! Sans compter les baisers de dimanche matin, tu m'en donneras bien quelques-uns samedi, n'est-ce pas, ma petite ! En attendant, tu baiseras le petit à m[on] nom et j'en sentirai le plaisir d'ici, surtout si je pouvais savoir à quel mom \instant/ de la journée. Que je voudrais[1561] savoir de ses nouvelles et des tiennes ! Si tu me fais le plaisir de m'écrire, dis-moi bien s'il t'a laissé dormir ! Si cela était, je donnerais à ta lettre vingt baisers de plus. Que je serais content s'il te laissait tranquille !

Je t'embrasse mille fois, ma bonne Julie ; mais des baisers sur une feuille de papier ne sont pas ceux qui plaisent le plus. A. AMPÈRE Dis de ma part tout ce que tu sais que je sens à ta maman, à élise, aux d[ames] Sarcey. Je crois avoir [oublié] mon cah[ier], il me fait [bien] faute. T[u me ferais] bien plaisir, ma bonne amie, de me l'envoyer si cela t'était possible. Je t'embrasse mille fois.

A Madame Ampère, la jeune, chez Mme Carron, à S[ain]t-Germainau-Mont-d'Or.
(2) Son jeune fils resté à Saint-Germain.
(3) Le trésor. Voir précédemment, p. 61.

Please cite as “L56,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L56