To Jean-Jacques Ampère (fils d'Ampère)   13 juin 1819

[271] Lyon 13 juin 1819

J'ai reçu ta lettre et je t'en remercie bien, mon cher bon ami. Je pars d'ici à 10 heures pour passer la nuit en voiture et je n'ai pas le temps de faire une grande lettre ni d'écrire à ma sœur que je remercie bien aussi de la lettre qu'elle m'a écrite. Albine aussi m'a écrit : que cette lettre serve de réponse à tous trois ; qu'elle leur dise combien je les aime, combien j'attends avec impatience l'instant qui doit nous réunir !

Je vois, par ta lettre, que ma sœur manque d'argent et que cela t'a empêché d'avoir la Flore française. J'en ai d'autant plus de chagrin que j'en ai reçu ici de M. Majeur pour l'appoint des comptes relatifs à la vente de Poleymieux, qui sont tous réglés, ainsi que les autres choses que j'avais à ranger ici. Ce n'est tout fini que d'hier soir, et ces occupations, jointes aux affaires de la tournée, ne m'ont pas laissé un instant pour écrire à ma sœur si elle voulait que je lui envoyasse de l'argent. D'ailleurs,[272] je n'avais pas le temps de recevoir réponse. Voilà ce que je pense dans ce moment. Je laisse 200 francs à Bredin pour les reprendre en passant si ma sœur n'en a pas besoin ; si elle en a besoin, tu n'as qu'a aller chez Ballanche, ou qu'on y envoie quelqu'un en le priant de les remettre à ma sœur et d'écrire à Bredin de les rembourser à son correspondant ici, M. Basset ; ce que Bredin fera de suite. Je voudrais que tu eusses tout de suite la Flore française. Si tu vois Ballanche, dis-lui que, n'ayant pas absolument pu voir sa sœur qui est à Caluire, je lui ai fait faire sa commission et qu'elle se porte bien.

Tous les parents d'ici sont en bonne santé et te font mille et mille tendres amitiés. Embrasse bien tendrement pour moi ma sœur, Albinette, ma cousine, ton oncle, ta tante et Elisa.

[273]Si tu vois la famille de Jussieu, mille choses de ma part, ainsi qu'à ceux de nos amis que tu aurais occasion de voir ; Cousin aussi. Tu devrais bien aller, un lundi soir au moins, chez M. de Biran. Tu m'en donnerais des nouvelles et m'apprendrais si les réunions ont toujours lieu et si elles prospèrent.

Je vous prie tous de m'écrire le plus souvent que vous pourrez ; c'est toute ma consolation. Tu devrais bien aussi m'écrire sur la philosophie. L'entresol de M. Despretz est-il loué ?

Adieu, cher fils et bon ami, ton papa t'embrasse de toute son âme. A. Ampère.

A monsieur Ampère fils rue des Fossés–Saint–Victor, n° 19, à Paris

Please cite as “L581,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L581