To Jean-Jacques Ampère (fils d'Ampère)   29 juillet 1820

[9] Amiens le 29 juillet 1820

En arrivant ici, mon cher fils, j'ai trouvé ta lettre qui m'y attendait depuis trois jours et qui m'a fait un bien grand plaisir, ainsi que celle que tu m'avais écrite auparavant et qui m'est parvenue à Douai. Dans la dernière que j'ai trouvée ici, tu m'en annonçais une de Bredin et une de Ballanche qui ne sont point arrivées : ce qui m'a fait assez de chagrin. Quand tu verras ces bons amis, fais-leur quelques doux reproches de ce qu'ils ne m'ont pas procuré la satisfaction de recevoir un mot d'eux pendant ma tournée : satisfaction qui m'était si nécessaire pour me consoler de tous les ennuis qui m'ont suivi tout le long de la route. J'ai eu si peu de temps que je n'ai pu écrire qu'une seule fois à ma sœur, et que ce moment-ci est le premier dont je puisse disposer pour t'écrire. C'est ce qui m'a empêché d'écrire à ces[10] deux bons amis et à M. Périsse. Dis-le leur. Dis surtout à ton oncle que je profiterai du premier moment que j'aurai en arrivant à Paris pour me rappeler à son souvenir et le remercier de ses attentions pour toi. Fais-lui, en attendant, mille et mille amitiés de ma part ainsi qu'à sa famille.

Je voudrais bien que tu susses de Mme Lambert si elle a vu le recteur de Lyon au sujet de la bourse pour son fils, si elle a reçu la lettre pour le recteur que je lui ai envoyée et enfin où en est cette affaire.

Je compte arriver le 4 août à Paris ; mais, pour achever de m'ôter tout mon temps, je suis membre du jury de la cour d'assises 1, qui doit commencer le lendemain 5 août. C'est à présent à Paris qu'il faut m'écrire et je te prie bien de[11] le faire et de me donner ainsi de tes nouvelles et de celles de tous ceux que j'aime à Lyon. Marque-moi aussi le temps jusqu'auquel tu comptes devoir y rester : si MM. Cousin et Stapfer t'y ont rejoint, comment se dirige votre voyage et les pays que vous verrez dans l'ordre où vous les verrez, ainsi que les endroits où il faudra t'écrire suivant les époques.

As-tu eu une soirée musicale de M. d'Ambérieux ? Qu'en dis-tu ? N'oublie pas surtout mes excuses à ton oncle et à Ballanche de ce que je n'ai pas eu le temps de leur écrire.

Voici qu'il faut aller dîner chez le préfet qui nous a invités pour aujourd'hui ; il est 5 heures ; il faut te quitter et c'est à mon grand regret ; car il vaut mieux[12] écrire à son fils que de dîner avec un préfet. Mais c'est une obligation. Adieu, cher ami, je fais mille vœux pour que ton voyage soit le plus heureux et le plus agréable possible. Je t'embrasse comme je t'aime. A. Ampère

A monsieur Ampère fils chez M. Périsse, imprimeur du Roi, grande rue Mercière, vis-à-vis l'allée Marchande, à Lyon (Rhône)
(2) Voir également en 1827.

Please cite as “L587,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 20 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L587