To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)    mars 1801

[1408] Lyon le lundi [mars 1801]

Que je suis content, ma bonne amie, de trouver une occasion de t'écrire : il me semblait qu'il me manquait quelque chose après t'avoir quittée. Nous avions été si peu en tête \à tête/, et, quand nous y avions été, ç'avait été \[illisible]/, pour parler de la pluie et du beau temps , du froid et du chaud. Je craignais aussi d'avoir été cause que tu fusses mouillée. Heureusement que le mauvais temps se contenta de faire quelques menaces sans effet. Comme j'avais \j'ai/ besoin de me rappeler les heureux moments que j'avais eus à mon réveil et que tu avais si vite terminés. Ils avaient bien peu duré ! Mais je me nourrissais de la pensée que je les retrouverais jeudi. Oh, tiens, si je n'allais pas [1409] après-demain habiter avec toi la petite maison blanche, le temps me durerait plus qu'il n'a encore fait. \par trop/ Je voudrais bien pouvoir t'écrire \te dire/ tout ce que je sens, mais cela t' amuserait moins que les nouvelles que je puis te donner de ton frère, et je n'ai pas du temps pour tout.

J'ai vu Mlle Jenny, arrivée de Paris, qui m'a dit qu'elle avait laissé tout le monde en bonne santé, que les nouveaux hôtes de Paris 1 l'avaient chargée de tant de choses pour vous toutes, et qu'elle mourait d'envie de vous voir et de vous embrasser. Mme Campredon voulait me donner de l'argent pour élise de la part de Mme Carron mais elle ne s'en trouvait pas sur elle ; elle a dit que ce serait[1410] pour une autre fois.

Tous les paquets et préparatifs de Mme Périsse ont été suspendus par la subite arrivée de je ne sais combien de cousins et de cousines de Grenoble, Il faut qu'elle les mène promener, etc. Hier au spectacle sans Jules, bien inquiète. Que sais-je tout ce qu'elle m'a dit sur l'ennui qu'elle en a éprouvé ; mais ce sont [de] petits ennuis qui ne l'ont fatiguée qu'en dérangeant son voyage ; elle compte toujours qu'il aura lieu vers la fin de la semaine. Adieu ma bonne, ma tant bonne amie, si tu savais avec quelle précipitation je[1411] te dis adieu, comme je t'embrasse partout, excepté où tu sais bien ; c'est un baiser réservé à jeudi. Que je t'aime, que je voudrais être près de toi. A mercredi. Adieu, ma Julie !

A ma Julie chez Madame Carron, à S[ain]t-Germainau Mont d'Or.
(2) Le ménage Carron était à Paris. Voir une lettre du frère Carron du 16 mars 1801.

Please cite as “L59,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L59