To Claude-Julien Bredin   17 avril 1821

[327] 17 avril [1821]

En recevant un mot de toi, cher ami, dans la lettre de M. Socquet, j'ai senti encore plus vivement le chagrin que j'éprouvais déjà d'avoir été si longtemps sans t'écrire, de n'avoir pas répondu à ta dernière lettre. Ah ! si tu savais comme, à force de penser et d'écrire, je suis d'abord devenu comme stupide par moments, et ensuite affecté de douleurs dans la poitrine et d'oppressions qui m'obligent à suivre un régime de sangsues, de lait d'ânesse, etc., tu comprendrais pourquoi je ne t'écris pas plus souvent. Maintenant, une inexprimable douleur morale s'est jointe aux douleurs physiques ; j'ai vu ce matin 18 avril Ballanche, nous avons beaucoup causé, il ne voit pas si en noir que moi. J'ai mis ce matin, avant de me lever, 15 sangsues à la poitrine, et ensuite j'ai eu recours à une séance du moyen qui a guéri il y a deux ans mon mal de gorge ; quoique ce fût la première fois, je me suis endormi assez promptement.

Si tu savais le plaisir que me font tes lettres, tu m'en écrirais plus souvent et plus longuement. Tu me parlerais de ce qui m'occupe sans cesse, tu me dirais ce[328] que tu crois qui en résultera. Ce sont tes conjectures que j'aurais un plaisir inexprimable à connaître. Toutes les miennes ont été contredites. J'en forme à présent de tout opposées, malgré tout ce que me dit Ballanche sur ce que la terminaison des choses ne dépend pas des épisodes de leur histoire.

écris-moi, je t'en prie, pour rendre la vie moins insupportable à ton ami, et aussi pour rendre à mon fils un service qui le presse. Il est du recrutement et a besoin de son extrait de baptême que j'ai perdu je ne sais comment. Serais-tu si bon que de le prendre à l'hôtel de ville de Lyon, dans les registres de la paroisse dont est la grande rue Mercière et, si je ne me trompe, de Saint-Nizier, le 13 ou 14 du mois d'août 1800, car il est né le 12 août 1800. Tu me l'enverrais le plus tôt que tu pourrais, et tu me marquerais à qui je dois remettre le montant de ce que tu aurais dépensé pour cela : par exemple à M. Huzard.

Please cite as “L599,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L599