To Claude-Julien Bredin   s.d.

s.d.

[illeg] affections personnelles trompées et cette unique détermination constante de toute mon âme vers le bonheur et la liberté du monde, que les événements actuels vont peut-être détruire sans retour. Le massacre des vrais français, la proscription des sciences, un état dont celui où est à présent l'Espagne n'est qu'une bien faible ébauche, c'est là une des chances [illeg] Et je suis entouré de gens qui la désirent ! Mon ami, tu brûleras cette lettre tout de suite ; je n'en puis plus, je ne peux plus rien faire que recopier mon tableau de métaphysique ou lire comme machinalement.

J'ai pris hier ce livre historien fidèle des folies humaines que tu m'as conseillé il y a quelques mois de lire, en me disant que tu avais passé par presque toutes les idées qui y sont décrites. Je ne voulais qu'en lire quelques lignes, j'y restai 3 heures entières comme absorbé, mais quelles tristes réflexions ce livre me fit faire ! Que penser de l'esprit humain quand on voit ce chaos d'opinions différentes ? Comment espérer de trouver jamais la vérité ? de savoir seulement, de soupçonner avec un peu de probabilité ce qu'on doit faire ou croire ! Adieu, cher ami, cette pensée est trop accablante pour qu'on ne la fuie pas, mais elle me poursuivra. [illeg] J'aurais tant de choses à dire à ce sujet que je ne puis écrire. Adieu, aime-moi toujours. écris-moi surtout. écris à ton malheureux ami.

A M. Bredin, directeur de l'École impériale vétérinaire, à Lyon (Rhône)

Please cite as “L6,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L6