To Claude-Julien Bredin   15 août 1821

Paris [15 août 1821]

Cher ami, je ne pourrai guère arriver à Lyon que vers le milieu de septembre ; mais il est décidé que j'irai, les affaires de mon fils m'en font un devoir ; les miennes auraient exigé que je restasse ici. Un bout de lettre de toi, où tu me dis de t'aller voir, m'est tombé récemment sous la main ; ta demande m'aurait décidé si je ne l'eusse été.

Je suis d'une tristesse mortelle ; l'abandon où l'Europe laisse la Grèce me désespère. Encore un de mes vifs chagrins, c'est d'avoir passé huit mois sans calculer les conséquences de mes formules sur l'action des courants électriques pour les comparer aux faits. Depuis qu'on m'a interdit la pipe à cause de ma poitrine, je suis devenu presque incapable de travailler. A la campagne, j'ai pris un goût de botanique comme si je commençais déjà à retomber dans l'enfance. Mon jardin me passionne toujours bien ridiculement ; il est vrai que la température pluvieuse de cet été l'a couvert d'une végétation superbe...

Adieu, toi dont l'amitié m'est si douce.

Please cite as “L605,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 19 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L605