To Gaspard de La Rive   28 août 1822

Lyon 28 août 1822
Monsieur,

j'ai reçu votre aimable lettre du 23 de ce mois. J'ai mille remerciements à vous faire de la peine que vous avez prise de vérifier les numéros des pages des 300 exemplaires tirés à part pour mon Recueil de la lettre insérée dans la Bibliothèque universelle.

Je vais écrire à mon imprimeur que le numéro dont il a besoin pour sa première page est 260. Au reste, cela se trouve moins pressé que je ne le croyais en vous écrivant, parce que j'ai appris il y a quelques jours que le morceau que j'avais laissé à mon départ de Paris à M. Arago et que je croyais composé depuis longtemps ne l'était pas encore à l'époque où l'on m'a écrit sur ce sujet.

Je n'en ai pas moins de reconnaissance pour le service que vous m'avez rendu, mais j'en éprouve une bien plus vive encore de l'offre obligeante que vous me faites de demeurer à votre campagne pendant le peu de jours que je pense rester à Genève. J'ai été extrêmement touché de cette nouvelle preuve de l'amitié que vous voulez bien avoir pour moi. Je crains qu'il n'y ait de l'indiscrétion à l'accepter ; cependant je me fais une si douce idée de vous voir plus souvent pendant ce peu de temps, de pouvoir causer plus librement avec vous, Monsieur, du sujet de nos communes recherches, de pouvoir ainsi vous communiquer toutes mes idées et les éclairer ou les rectifier par les vôtres, que je ne saurais me résoudre à refuser un arrangement aussi agréable pour moi.

J'espère qu'en retour, dans le cas où j'aurais un jour le bonheur de vous voir faire un voyage à Paris, vous ne choisiriez pas un autre logement que celui que j'occupe, où vous auriez une chambre entièrement indépendante et toutes les facilités que je pourrais y joindre pour que vous vous y trouvassiez aussi bien qu'il me serait possible. Aussitôt votre lettre reçue, j'ai été arrêter ma place à la voiture à quatre places de Lyon à Genève de M. Gaillard. J'ai fixé mon départ à 2 heures après-midi le dimanche 1er septembre et j'arriverai le lundi 2 septembre vers 4 heures du soir à Genève, d'après ce qu'on m'a dit au bureau de cette voiture. Je me rendrai en arrivant à Genève à l'adresse que vous me donnez rue de l'Hôtel-de-Ville, n° 80.

J'ai été bien sensible au souvenir de MM. Pictet et de Candolle. Si vous les voyez avant que je sois à Genève, je vous prie de leur exprimer tous les sentiments que je leur ai voués. Quant aux 300 exemplaires, je les emporterai avec moi ; je crois qu'il me sera plus facile de le faire s'ils sont pliés parce qu'alors je pourrais les mettre dans mon porte-manteau. Comment vous exprimer, Monsieur, toute ma reconnaissance ? Je le ferai mieux lundi prochain de vive voix. Permettez-moi seulement de vous assurer de la haute estime due autant à votre personne qu'à vos nombreux travaux dans les sciences et de la bien sincère amitié de celui qui sera toujours votre tout dévoué, A. Ampère

A monsieur de La Rive, professeur de chimie à l'Académie, etc., rue de l'Hôtel-de-Ville, n°80, à Genève (Confédération helvétique)

Please cite as “L626,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 19 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L626