From Michael Faraday   3 septembre 1822

[113] [illisible] Sept[embe]r 3 1822
Sir,

I have been much flattered and gratified by the honour you have done me in your repeated communications and particularly by your last important letter for which I have nothing I can offer as a return but my best acknowledgements. I have been tempted by favourable opportunities to trespass on your kindness by a correspondence which, through it must occupy time to you of great value, brings you nothing in return. Anxious as I am to hear from time to time of the progress you make in a branch of science that owes so much to you, yet I cannot help, but feel that I am the unworthy gainer and you the loser by a correspondence between us and that, through I receive so much, I contribute nothing to it. Nevertheless I am still encouraged to write and acknowledge your kindness.

I have but just returned from the country or I should before have returned my earnest thanks for the memoirs I have received through the bands of M. Underwood and M. Dockray. I have as yet only read them hastily and have to reperuse them as well as your last excellent letter more carefully and steadily. I am unfortunate in a want of mathematical knowledge and the power[114] of entering with facility into abstract reasoning; I am obliged to feel my way by facts closely placed together so that it often happens I am left behind in the progress of a branch of science not merely from the want of attention but from the incapability. I lay under of following it not with standing all my exertions. It is just now so I am ashamed to say with your refined researches in electro-magnetism or electrodynamics. On reading your papers and letters, I have no difficulty on following the reasoning, but still at last I seem to want something more on which to steady the conclusions. I fancy the habit I got into of attending too closely to experiment has somewhat fettered my power of reasoning and chains me down and I cannot help now and then, comparing myself to a timid ignorant navigator who, though he might boldly and safety steer across a bay or an ocean by the aid of a compass which in its action and principles is infallible, is afraid to leave sight of the shore because he understands not the power of the instrument that is to guide him. With regard to electromagnetism also feeling my insufficiency to reason as you do, I am afraid to receive at once the conclusions you come to (though I am strongly tempted by their simplicity and beauty to adopt them) and the more so because I have seen the judgements of such men as Berzelius, Prechtl, etc., etc., stumble over this subject. Both these philosophers I believe and others also have given theories of electro-magnetism which[115] they stated would account not only for known facts but even serve to predict such as were not the known and yet, when the new facts came (rotation for instance), the theories fell to pieces before them. These instances are sufficient to warn such feeble spirits as myself and will serve as my apology to you for not at once adopting your conclusions. It delays not because I think them hasty or erroneous, but because I want some facts to help me on.

I cannot help thinking there is an immense mine of experimental matter ready to be opened and such matter as would at once carry conviction of the truth with it. I do not think it shall have to wait long for it though I have no idea where it should come except from you. I am not aware of the experiment of M. de La Rive to which you refer, but shall see it soon I dare say in the Bibliothèque universelle.

Allow me to by your acceptance of the enclosed paper as a very small mark of respect and esteem for one who is proud to sign himself your obliged and humble correspondent and servant. M. FARADAY.

[116]M. Ampère

TRADUCTION.

Royal Institution, 3 septembre 1822.
Monsieur,

J'ai été très flatté et gratifié par l'honneur que vous m'avez fait en m'adressant vos nombreuses communications et particulièrement par votre dernière et importante lettre, en échange de laquelle je n'ai rien à vous offrir que mes meilleurs remerciements. J'ai été tenté par des circonstances favorables d'abuser de votre amabilité en engageant une correspondance qui, tout en devant vous prendre un temps précieux, ne vous apporte rien en retour. Désireux comme je le suis d'apprendre de temps en temps les progrès que vous faites dans une branche de la Science qui vous doit tant, je ne puis, pour le moment, vous venir en aide, mais je sens que je suis, dans cette correspondance entre nous, un bénéficiaire sans mérite et vous le perdant et que, tout en recevant beaucoup je ne puis rien vous rendre. Néanmoins, je suis encore encouragé à écrire et à reconnaître votre amabilité.

Je suis revenu tout récemment de la campagne ; sans quoi je vous aurais déjà envoyé mes meilleurs remercîments pour les mémoires que j'ai reçus par les mains de MM. Underwood 1 et Dockray. Je n'ai fait encore que les lire rapidement et j'ai besoin de les examiner avec plus de soin et de calme, ainsi que votre excellente dernière lettre. Malheureusement, je manque de connaissances mathématiques et n'ai pas le pouvoir d'entrer facilement dans un raisonnement abstrait. Je suis obligé de me frayer un chemin par des faits formant une chaîne continue, en sorte qu'il arrive souvent que je suis laissé en arrière dans le progrès d'une branche de la Science, non seulement par mon manque d'attention, mais par incapacité. Je ne puis le suivre malgré tous mes efforts. Il en est ainsi, je suis confus de le dire, pour vos subtiles recherches en électro-magnétisme ou électro-dynamique. En lisant vos publications et vos lettres, je n'ai pas de difficulté à suivre vos raisonnements ; mais, à la fin, il me semble que j'attends quelque chose de plus pour conclure. J'imagine que l'habitude que j'ai prise de compter trop strictement sur l'expérimentation a un peu émoussé ma faculté de raisonnement et m'enchaîne à terre, et je ne puis y remédier maintenant ni plus tard, car je me compare à un timide navigateur ignorant qui, alors qu'il pourrait hardiment et sûrement traverser une baie ou un océan à l'aide de la boussole infaillible dans son action et ses principes, est effrayé de perdre de vue le rivage parce qu'il ne comprend pas le pouvoir de l'instrument qui doit le guider. En ce qui regarde l'électro-magnétisme, me sentant incapable de raisonner comme vous le faites, je suis effrayé de recevoir tout à coup les conclusions auxquelles vous arrivez (quoique, pour leur simplicité et leur beauté, je sois bien tenté de les adopter) et d'autant plus que j'ai vu les jugements d'hommes tels que Berzélius, Prechtl, etc., etc., trébucher sur ce sujet. Ces deux philosophes, je pense, et d'autres encore, ont donné sur l'électromagnétisme des théories qu'ils estimaient devoir non seulement expliquer les faits connus, mais permettre d'en prévoir d'autres encore ignorés. Et, lorsque les nouveaux faits sont venus (la rotation, par exemple), leurs théories sont tombées en pièces devant eux. Ces exemples sont suffisants pour mettre en garde d'aussi faibles esprits que le mien et doivent me justifier vis-à-vis de vous si je n'adopte pas aussitôt vos conclusions. Je diffère non parce que je les trouve précipitées ou erronées, mais parce que j'attends quelques faits pour me venir en aide.

Je ne puis m'empêcher de penser qu'il y a là un immense champ d'expérimentation prêt à s'ouvrir et assez de matière pour entraîner la conviction de la vérité. Je ne pense pas que je doive attendre longtemps pour cela, bien que je n'aie pas l'idée d'où la lumière peut venir, si ce n'est de vous. Je ne suis pas au courant de l'expérience de M. de La Rive dont vous me parlez ; mais je la verrai, je crois, bientôt dans la Bibliothèque universelle.

Permettez-moi de vous adresser le papier ci-inclus comme une vraiment faible marque du respect et de l'estime professés par un homme qui est fier de se dire votre obligé et humble correspondant et serviteur. M. FARADAY.

(2) L'envoi de ces mémoires par MM. Underwood et Dockray est annoncé par une lettre à Faraday du 10 juillet 1822 (Lettre ampere_corr_L1822-07-10-a) à laquelle celle-ci répond.

Please cite as “L627,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 24 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L627