To Auguste de La Rive   26 octobre 1822

Monsieur et très cher ami, Voilà quinze jours que j'ai passés à faire cette lettre sans m'occuper d'autre chose, à l'exception d'un calcul dont je vous parle dans cette même lettre et de faire faire des changements à mon nouvel appareil pour toutes les expériences relatives à l'action du conducteur rectiligne horizontal et à celle de la terre sur les deux conducteurs mobiles, le vertical et l'horizontal : elles réussissent bien, mais ce n'est que ces jours-ci que j'ai trouvé le moyen de donner à cet instrument la perfection que je désirais. Ma lettre n'étant pas achevée, je vais vous envoyer ce qui est fait, la fin vous sera adressée sous très peu de jours.

J'avais commencé une lettre pour M. Maurice ; elle est restée là parce que toutes mes idées étaient à celle que je vous écrivais et que je croyais chaque jour finir le lendemain. Je pense qu'il est déjà parti pour l'Italie. Dites-moi, je vous prie, le moyen que j'aurais pour lui écrire ! Faut-il envoyer ma lettre à son père ou à vous, Monsieur, à Genève, ou faut-il lui écrire directement à Rome et alors à quelle adresse ? Ce qui me désespère, c'est que M. Bossange père m'a seulement envoyé les 300 exemplaires de votre mémoire, que je n'ai point reçu les 300 exemplaires de ma lettre à Monsieur votre père, et que je ne puis compléter les exemplaires de mon Recueil. Combien j'ai été malheureux de n'avoir pas emporté ces 300 exemplaires de ma lettre quand je les ai vus à Genève ; mais on me faisait espérer qu'ils seraient presque aussitôt que moi à Paris.

Je vous prie d'offrir mes hommages à M. et Mme de La Rive. Recevez tous mes remerciements des peines que vous voulez bien prendre pour me rendre service dans ces détails relatifs à mon Recueil et l'assurance de la bien vive amitié et de l'entier dévouement de A. Ampère

P.-S. - Rosemonde est finie, mais bien loin d'être reçue, elle n'est pas encore présentée.