To Auguste de La Rive   10 février 1823

¨Paris 10 février 1823
Monsieur et très cher ami,

Je vous ai annoncé il y a une huitaine les résultats si remarquables obtenus par Savary et de Demonferrand : le premier appliquant la formule au calcul de l'action qui a lieu, soit entre un fil conducteur rectiligne et indéfini, soit entre le globe terrestre et un aimant, soit entre deux aimants, en considérant ceux-ci comme des assemblages de courants électriques tournant autour de chacune de leurs particules ; le second en se bornant à appliquer la même formule au cas où l'action s'exerce entre le conducteur rectiligne et un aimant.

Je vous enverrai dans quelques jours, dès qu'il sera tiré, un exposé méthodique des phénomènes électro-dynamiques et des lois de ces phénomènes plus complet que celui que j'ai envoyé et contenant le précis des travaux de ces deux physiciens. Je viens de rédiger la partie nouvelle de cet exposé méthodique. J'ai conservé les six premières pages comme elles étaient. Les six dernières en ont produit douze en y faisant les corrections nécessaires et les additions résultant du précis dont je viens de vous parler. Ce sont six pages de plus au lieu de deux dont je croyais seulement avoir besoin quand je vous écrivis ma dernière lettre, et maintenant je voudrais qu'il fût encore temps de mettre les n° 343, 344, 345, etc. aux pages des 300 exemplaires de l'article de la Bibliothèque universelle qui sont destinées pour mon Recueil au lieu des nos 337, 339, etc. que je vous avais d'abord demandés et que je vous avais ensuite prié, s'il en était encore temps, de changer en 339, 341, etc. Si cela ne se peut pas, le seul inconvénient c'est que ces pages de mon Recueil seront mal numérotées : car, pressé par le désir de publier du moins un précis des résultats obtenus par MM. Savary et Demonferrand, résultats qui me paraissent une vraie démonstration de ma théorie, je viens de mettre le bon à tirer aux dernières pages du nouvel exposé méthodique dont la dernière porte le n° 342.

Je serais bien heureux si cette lettre vous arrive assez à temps pour que les pages suivantes soient numérotées 343, 344, etc. ; mais quoi qu'il en soit, je serai satisfait si ce que vous m'avez annoncé devoir paraître dans la Bibliothèque universelle y paraît en effet. Je l'ai cherché inutilement dans le numéro de décembre. Je désire bien vivement le trouver dans celui de janvier. Mille raisons me le font souhaiter. Je me souviens entre autres d'un morceau sur la loi de M. Faraday que je voudrais surtout voir imprimé avec la date à laquelle je l'ai écrit. Combien je vous devrai à ce sujet de reconnaissance ainsi qu'à M. Pictet auquel je vous prie d'en faire tous mes remerciements ! Je désirerais recevoir, avec les 300 exemplaires, la note de ce que je devrai tant pour eux que pour les 300 exemplaires de votre mémoire que j'ai reçus dans le temps.

D'après ce que vous m'avez dit à Genève, j'espère que vous viendrez à Paris au printemps prochain, et que vous ne me refuserez pas d'accepter chez moi le logement qui y est préparé pour vous. Que de choses à vous communiquer si j'ai le bonheur que vous demeuriez chez moi, comme, pendant huit jours bienheureux pour moi, j'ai demeuré chez Monsieur votre père ! Je n'oublierai jamais toutes les bontés dont il m'a comblé. Je vous prie de lui en réitérer tous mes remerciements et de lui offrir l'hommage de ma reconnaissance et de mon profond respect à Madame votre mère. Votre sincère ami et dévoué serviteur, A. Ampère.

A Monsieur Auguste de La Rive, en son absence à Monsieur de La Rive, professeur de chimie à l'Académie, rue de l'Hôtel-de-Ville, à Genève, Confédération helvétique.

Please cite as “L636,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L636