To Félix Savary   26 juillet 1823

26 juillet 1823
Monsieur et très cher ami,

Je vous écris à la hâte au milieu d'examens à l'école Polytechnique qui me prennent tout mon temps. Votre dernière lettre m'a fait un extrême plaisir, voilà une question, celle de l'action des aimants curvilignes que vous avez le premier attaquée, et la voilà ramenée à des formules dont vous montrez comment on peut déduire des résultats précieux. Je me propose de communiquer après-demain lundi à l'Académie ceux que vous m'indiquez, il restera dans le procès-verbal de la séance que vous avez appliqué le calcul à cette sorte d'aimants, que vous avez trouvé plusieurs résultats nouveaux que vous donnerez avec détails dans un Mémoire, quand vous aurez eu le loisir nécessaire. En attendant, je serais bien heureux que vous vissiez ce qui résulte du terme Q' α δ ω f ( ω ), qui vous paraît devoir en fournir d'analogues aux précédents. Le but est de trouver les formules et d'en signaler les diverses conséquences.

Voici une chose encore plus importante. J'ai parlé hier longtemps avec M. Arago de l'affaire de la place de secrétaire du Bureau des Longitudes, cela s'annonce sous un jour favorable, mais il ne faut rien négliger, et voici ce que M. Arago regarde comme très important. Il voudrait que vous lui envoyassiez une lettre adressée à MM. les Membres du Bureau des Longitudes, où vous leur diriez qu'ayant appris dans la ville où vous êtes occupé de travaux géodésiques, pour la levée de la carte de France, que M. Damoiseau a été nommé adjoint au Bureau des Longitudes et la place de secrétaire se trouvant vacante, vous pensez vous mettre sur les rangs et que si vous étiez assez heureux pour être choisi, vous feriez tous vos efforts pour répondre à leurs intentions par le zèle avec lequel vous vous livriez aux travaux que la place exige ; vous tourneriez tout cela beaucoup mieux que je ne le fais ici, ayant la tête cassée d'examens. Vous écririez à M. Arago qui vous porte un bien vif intérêt, vous mettriez dans la lettre celles pour les membres du Bureau de manière qu'il pût en prendre connaissance et la présenter à une des plus prochaines séances ; je lui enverrai des exemplaires de votre Mémoire pour les membres qui n'en ont pas encore ; il regarde cela comme une chose qui ne sera point inutile au succès que nous espérons et s'est chargé de les présenter de votre part aux membres. J'espère beaucoup des soins qu'il donnera à tout cela, ce ne sera pas l'envie de réussir qui lui manquera. Ce sera un grand bonheur pour moi quand je vous verrai fixé à Paris, et pouvant faire faire aux Sciences tous les progrès qu'elles attendent de vous.

Recevez tous mes vœux que je fais pour le succès de cette affaire et pour tout ce qui pourrait contribuer à votre bonheur, rien ne pourrait être plus heureux pour votre sincère ami et tout dévoué. A. Ampère

A Monsieur Félix Savary, chez M. Poin, aubergiste à la Boule d'or, à Provins, département de Seine-et-Marne.

Please cite as “L640,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L640