To Jean-Marie Périsse-Marsil   2 novembre 1823

[783] Paris 2 nov[em]bre [1823]
Mon cher oncle et ma chère tante,

je serai à Lyon au milieu de vous jeudi matin.

Depuis longtemps j'avais le désir de faire le voyage d'Italie, si nécessaire à tous ceux qui s'occupent de littérature [illeg].[784] [illeg] Plusieurs personnes de ma connaissance, entre autres M. Dugas-Montbel, passent l'hiver à Rome. Notre ambassadeur à Rome est M. le duc de Laval Montmorency qui a de l'amitié pour moi et voulait m'emmener avec lui lors de son départ. Enfin M. Ballanche va partir pour accompagner une dame de notre connaissance à tous deux, Mme Récamier, qui y conduit sa nièce pour affermir sa santé. J'ai cédé à l'entraînement de tant de circonstances réunies. Mon père a d'abord été un peu effrayé de me perdre tout l'hiver ; puis il a senti que je ne retrouverais plus un semblable moment de faire un voyage qu'en ma qualité[785] de poète indigne il aurait toujours fallu faire. Enfin une tragédie que j'ai composée et dont Périsse vous a peut-être parlé a été reçue à l'unanimité au second théâtre et l'on se charge en mon absence de la présenter au premier. Je la laisse en bonnes mains, dans celles de Talma et de M. Lebrun, l'auteur de Marie-Stuart, Je serai débarrassé de ce tracas [illeg]

[786] [hand: André-Marie Ampère]Cher frère et ami, je ne saurais te dire depuis combien de temps je désire t'écrire, comment j'ai cru le faire le lendemain. Je dois lire demain un mémoire à l'Institut, le jour même du départ d'Ampère. Ce mémoire est ce que je regarde de plus important de tout ce que j'ai fait depuis trois ans dans cette nouvelle branche de la physique qui est à peu près mon ouvrage. C'est la nécessité de terminer aujourd'hui ce mémoire pour le lire demain qui est cause que je ne t'écris qu'un mot dans la lettre de mon fils, seulement pour te dire combien, quoique j'aie été forcé par des travaux obligés de t'écrire si rarement, je pense sans cesse à l'amitié que j'aurai toujours pour le meilleur des frères. Reçois-en l'expression dans ce mot écrit à la hâte et dis à ma sœur ainsi qu'à toute la famille quel précieux souvenir je conserve d'eux tous et, en particulier, de la si gentille petite cousine ! Je ne vois rien de comparable parmi tout ce que je connais [illeg]

A monsieur Perisse-Marsil grande rue Mercière, vis-à-vis l'allée Marchande, à Lyon (Rhône)

Please cite as “L645,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L645