To François Carron (frère de Julie)   20 mars 1824

20 mars 1824

Cher frère et bon ami. Si je n'avais pas été tellement surchargé d'occupations qu'à peine ai-je trouvé le temps d'écrire quelques lettres à mon fils depuis quatre mois et demi qu'il est parti pour l'Italie, ce qui fait qu'il me reproche mon silence dans la plupart de ses lettres, il y a longtemps que je t'aurais écrit pour te rappeler que tu as laissé à Paris un frère dont le cœur est rempli pour toi de la plus tendre amitié. Je me proposais toujours de le faire dès que je pourrais trouver un moment pour cela et ce temps ne venait jamais. Enfin, quoique je sois encore surchargé de travail au delà de toute expression, j'ai pris mon parti de tout laisser le temps nécessaire pour écrire cette lettre. J'ai appris par une lettre qui m'est parvenue il y a quelques jours que ta présence à Paris serait dans ce moment-ci indispensable à Paris pour d'importantes consultations relatives au procès de Mme Campredon, ta belle-mère, dans lequel tu es intéressé. Cette lettre portait que l'affaire dont tu connais toute l'importance demande absolument ta présence. Je ne sais d'ailleurs aucun autre détail parce qu'elle se bornait à me prier de te donner sur le champ cet avis où que tu te trouvasses dans ce moment. Mme Carron doit avoir su par Mme sa Mère la situation où en sont les choses et elle te donnera à ce sujet, si elle ne l'a déjà fait, les explications que je ne puis me procurer ici n'ayant absolument pas un moment dont je puisse disposer pour voir les gens d'affaire. Tu as su que la tragédie d'Ampère a été reçue aux Français à l'unanimité ; voilà un commencement de succès bien flatteur pour lui ; mais il faut qu'il revienne pour en profiter et, dans la dernière lettre que j'en ai reçue de Rome dernièrement, il ne me parle point encore de son retour. Du moins, je vois, par cette lettre, qu'il se porte bien. Il m'annonce qu'il ira à Naples, mais qu'il n'y restera pas longtemps, mais qu'il ne sait pas encore précisément à quelle époque il y ira. Son absence me pèse beaucoup ; car je suis dans un état d'isolement le plus ennuyeux du monde. Du reste, je suis en bonne santé ainsi que ma petite et Joséphine. Elles te font mille amitiés ainsi qu'à Mme Carron et à élisa, que je te prie d'embrasser bien tendrement de ma part. Que j'aurais de plaisir à vous voir tous les trois ! Mais je ne puis l'avoir que quand vous ferez un tour à Paris, car je suis cloué ici. Je t'aime et t'embrasse de tout mon cœur. Ton frère, A. Ampère

Please cite as “L657,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L657