To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)    juillet 1801

[1309] Du Vendredi [début juillet 1801]

Ma bonne amie, je t'avais promis une lettre bien détaillée, et voilà mes élèves dont je ne puis me défaire un seul instant, vu le temps que j'ai pris sur leurs leçons pour aller chez M. Petetin (2). Le bateau des meuniers de Couzon (3) partira probablement samedi à 6 h du matin ; mais on ne m'a point donné de réponse décisive. Pierrette s'en informera et te le saura dire au juste. Je passai chez Mme Campredon où je la vis avec Mlle Jenny, qui \vous/ ira voir \à Saint-Germain/ avec son frère qu'on attend de moment en moment.[1310] M. Petetin, plus raisonnable le matin qu'après dîner, a jugé ton voyage très nécessaire. Il viendra te voir dès que je l'aurai averti et tout est, comme tu le vois, arrangé pour le mieux. Les bateaux qui vont à Lyon ne manquent jamais de revenir le même jour. Ils partent de Lyon à 3 h et tu peux être à S[ain]t-Germain à 6 h. 1/2 ou 7 h pour donner à téter au petit. Si le bateau de Couzon ne partait pas, ce ne serait point un obstacle ; car celui[1311] de Fontaines (4) fait tous les jours le voyage régulièrement, aux mêmes heures. Il ne s'agit que de traverser la Saône ; il n'y a pas après pour un quart d'heure de marche. Mais cette circonstance t'obligerait toujours à partir une demi-heure plus tôt, et c'est pourquoi je chargerai Pierrette de savoir te dire au juste ce qui en est à l'égard du bateau de Couzon.

M. Petetin approuve beaucoup cette manière de voyager,[1312] très convenable et préférable aux cahotements de la carriole. Il dit que le voyage et la retenue du lait ne peuvent te faire aucun mal relativement au sujet de la consultation que nous lui demandons, que cela ne l'empêchera point d'en juger, etc. Enfin, ma bonne amie, tout est pour ton voyage, et je vois que le temps se prépare au beau. Je désirerais seulement qu'il se couvrit pour que tu eusses plus frais. Je t'en prie en grâce, qu'aucune raison ne diffère ton voyage ! J'irais t'en parler ce soir et reviendrais de suite si [1313] je croyais cela nécessaire pour te décider. Oui, jamais je n'aurais éprouvé un plus grand chagrin ; ma tranquillité et celle de tous ceux qui t'aiment dépend de ta décision. Toi qui as tant fait de sacrifices pour moi, tu feras encore celui-là. Tu ne manqueras pas à la promesse que tu m'as faite. Tu ne m'obligeras [pas] à manquer à celle que j'ai faite à M. Petetin de l'aller chercher d[ès] que tu serais arrivée. [Il] m'a promis qu'il atten[drai]t chez lui jusqu'à onze heures. Tu te mettras sur ton lit, ou du moins[] tu t’assiéras commodément et je l'irai chercher. Adieu, ma bonne amie. M. Grangier m'attend depuis une demi-heure. Il faut que je te quitte sans t'embrasser comme tu sais que je le fais d'ordinaire, tu me l'as défendu . J'en serais bien dédommagé si tu devinais sans t'en fâcher le secret que te cache un endroit de ma lettre. Adieu, ma bien-aimée !

A Madame Ampère chez Mme Carron, à S[ain]t-Germain.

Please cite as “L66,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L66