To Auguste de La Rive   2 juillet 1824

2 juillet 1824

Monsieur et très cher ami, Je joins à cette lettre une épreuve de la moitié d'un petit ouvrage que je me suis déterminé à imprimer et qui est un extrait de la partie d'un long mémoire que j'ai présenté à l'Académie au mois de décembre dernier qui est relative aux conséquences de ma formule. C'est sur cet extrait que j'en ai fait un sans calcul que j'ai envoyé à M. Pictet pour qu'il l'insère, si cela lui convient, dans la Bibliothèque universelle . Je ne crois pas que cet excellent ouvrage périodique puisse rester étranger à un travail qui, en complétant la théorie de l'électricité dynamique, donne toutes les lois de cette sorte d'action  : lois qui resteront toujours, quelles que soient les hypothèses qu'on adopte pour la cause de ces phénomènes. Quant à moi, je ne doute guère que les attractions et répulsions des courants électriques ne soient, comme l'attraction [newtonienne], un résultat des mouvements du fluide qui remplit tout l'espace. J'ai suffisamment exprimé ma pensée sur ce sujet aux pages 205 et 214 de mon Recueil. Mais, comme la dynamique des fluides et les propriétés particulières de celui qui remplit l'espace sont bien loin d'être assez bien connues pour qu'on puisse calculer les effets de ces mouvements, je persiste à croire qu'on doit conclure les formules qui expriment les forces des observations réduites à des lois générales empiriques, comme Newton a déduit la formule de l'action des lois Képler, comme j'ai déduit la mienne de lois semblables à celles de Képler, l'action du conducteur sinuée [sinueux] l'impossibilité d'imprimer à un conducteur mobile dont les deux extrémités sont dans l'axe de rotation un mouvement continu autour de cet axe, etc. J'espère que la marche si simple des calculs que je vous envoie et la généralité des résultats auxquels ils conduisent pourront vous intéresser. Quand vous aurez jugé cet ouvrage, je vous serais infiniment obligé, si vous en pensez comme moi, de parler à M. Pictet pour l'engager à insérer dans la Bibliothèque universelle l'extrait plus court que je lui ai envoyé en insistant sur ce qu'il serait contraire au but de la Bibliothèque universelle de ne pas parler d'un travail qui me semble si important en physique. A mesure que j'aurai les épreuves suivantes, je vous les enverrai. Je vous prie d'offrir à Monsieur votre père l'hommage de ma haute considération, de ma sincère amitié, et de la vive reconnaissance que je conserverai toujours de ses bontés pour moi, et à Madame votre mère celui de mon profond respect. Quand viendrez-vous, cher et excellent ami, passer quelque temps dans la chambre qui vous attend depuis si longtemps dans la rue des Fossés-Saint-Victor ? Tout à vous, A. Ampère.

A Monsieur Auguste de La Rive, professeur de physique à l'Académie à Genève

Please cite as “L664,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 24 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L664