To Jean-Jacques Ampère (fils d'Ampère)   2 juillet 1824

2 juillet 1824

Cher ami, j'avais commencé une lettre pour toi il y a déjà longtemps ; je t'y voulais rendre compte d'une visite que j'avais faite à Talma, et m'acquitter de la promesse que je lui avais faite de te prier de présenter ses respects à Mme Récamier. Je ne sais ce qu'est devenu ce commencement de lettre ; je n'ai pas eu le temps de la recommencer, ayant été plus affairé et plus malheureux que je ne l'ai été depuis mes grands malheurs. Cette place au Collège de France que j'étais sûr d'avoir si je n'avais oublié, en en faisant tant d'autres, la démarche réellement importante, celle auprès de M. de Sacy ! La chose en est toujours là et j'ai encore juste ce qu'il faut d'espoir pour être bien tourmenté. Aussi toutes ces souffrances, jointes à ton absence, ont amené un changement si grand dans tout mon être qu'il influera sans doute sur toute ma vie. Quand tu quittas Paris, j'en sentais comme un pressentiment, contre lequel je me roidissais de tout mon pouvoir ; mais j'ai été trop accablé de peines sans la moindre consolation près de moi. Vous m'avez tous quitté ! Talma est on ne peut mieux disposé ; mais il pense toujours qu'on ne peut s'occuper de ta pièce qu'à ton retour. J'ai reçu pour toi, y compris ce que Mme Fresnel vient de me remettre : Deux trimestres du loyer du second ...............................350 fr Un trimestre du rez-de-chaussée ....................................40 Total ...................................................................390 Je t'adresserai demain dans une autre lettre, poste restante, à Rome, 400 francs ; il y aura 10 francs à-compte sur le trimestre du rez-de-chaussée que j'aurai bientôt à recevoir. Je suis endetté de tous côtés et ne sais où donner de la tête ; c'est un surcroît de peine avec tout le reste. Ma sœur et Albine se portent bien et te font mille et mille amitiés, ainsi que Mme Carron et élisaqui sont ici. Carron arrivera incessamment ; il a perdu sa place de la forge du département de la Mayenne, il en espère une près de Paris ; en attendant, il est encore plus malheureux que moi, mais il sait mieux souffrir. Dis à Ballanche combien je l'aime. écris-moi tes projets pour la suite de ton voyage et ton retour qui est assez éloigné d'après ce que m'a dit Beuchot. Où passeras-tu le temps des grandes chaleurs, si dangereux en Italie ? Je ne sais quel sombre chagrin me fait m'inquiéter de tout. Ton tendre père, A. Ampère

Bureau restant à Rome, état ecclésiastique

Please cite as “L665,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 23 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L665