From Claude-Julien Bredin   4 octobre 1824

4 octobre 1824

C'est inconcevable. J'ai beau me demander comment on a pu s'y prendre pour te faire tomber dans le panneau (1). Je ne peux m'en faire la moindre idée. Mais es-tu bien certain qu'il y ait eu perfidie ? Ce n'est pourtant pas que la perfidie soit chose bien rare en ce monde. Et toi, cher ami, tu es plus qu'un autre exposé à être le jouet de la perfidie. Ceux qui savent émouvoir ton imagination feront de toi tout ce qu'ils voudront. Mais n'avoir pas vu le Grand Maître, c'est trop fort aussi ! Qu'y avait-il donc de si pressé ? Que pouvait-on te faire ? Tu avais suspendu. Il n'y a que Bredin et Ampère au monde que l'on puisse entraîner ainsi. Je ne connais que ces deux fous-là capables d'une bêtise de cette force. Plus je pense au changement que cela introduit dans ta vie, ou plutôt au changement que cela empêche, et plus je m'en afflige. Cependant je dis comme toi : Que la volonté de Dieu soit faite ! Quant à ce qui est plus important encore et dont tu me parles d'une manière qui me fait grand plaisir quoique je ne sois pas de ton avis en tout, je me bornerai à te dire que j'ai passé par bien des filières pour arriver où j'en suis... Il y a trente ans que je marche ; mais en voilà huit que je suis dans la voie simple, unie, quoique bien douloureuse.

Please cite as “L674,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 19 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L674