To Humphry Davy   1825

[1825 ?]
[284]Monsieur,

je vous suis infiniment obligé de la lettre que vous avez bien voulu m'écrire par l'occasion de M. Underwood. L'intérêt que vous prenez à ce qui me concerne m'est bien précieux. Vous paraissez désirer de savoir à quoi je fais allusion dans une lettre précédente quand je m'étais plaint dans cette lettre des tracasseries que j'éprouvais ici. Cela était surtout relatif à ce qu'on venait de me priver de la place d'Inspecteur des études que je remplissais depuis seize ans et qui me donnait le moyen de me livrer aux recherches que je faisais sur la physique, et aux dépenses qu'exigent la construction des appareils et les expériences sans compromettre l'existence de ma famille. Pour trouver l'équivalent nécessaire à mon existence, j'ai été obligé de me charger de deux cours qui ne me laissent presque plus de temps pour[285] les travaux dont j'aurais voulu m'occuper. Quant à ce qui s'est passé en Angleterre au sujet de mes découvertes sur l'électricité dynamique, c'est, je l'avoue, une chose à laquelle il m'est impossible de rien comprendre. A l'époque où je découvris l'action mutuelle de deux conducteurs voltaïques, je vis les hommes les plus capables en France d'apprécier ce fait ignoré jusqu'alors mettre mon travail sur le même rang que la découverte qu'avait faite peu de temps avant M. Œrsted. Non seulement M. Fourier, mais M. de Laplace (qui depuis s'est opposé à ce que j'ai établi relativement à l'identité de l'électricité et du magnétisme, parce que cela dérangeait sa manière de considérer les choses, comme il s'était opposé aux conséquences des découvertes de M. Fresnel) s'accordaient à juger aussi de la mienne.

Ce premier travail fut suivi de celui par lequel je constatai l'action du globe terrestre sur les conducteurs. Mes expériences à ce sujet avaient été vues par les savants les plus illustres, répétées dans les cours publics par des physiciens[286] qui ont aussi étendu la carrière des sciences, lorsqu'on imprimait en Angleterre et en Allemagne que cette action n'avait pas lieu. Preuve irréfragable que je suis l'unique auteur de ce fait nouveau, comme de celui de l'action mutuelle des conducteurs voltaïques ! L'imitation des aimants avec des fils conducteurs pliés en hélice était à la vérité une conséquence de ces deux nouveaux faits. Mais personne ne songeait à l'en déduire quand j'ai imaginé cette manière de prouver l'identité de l'électricité et du magnétisme. [illeg]

Please cite as “L682,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 20 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L682