To Jean-Jacques Ampère (fils d'Ampère)   31 août 1827

[337] Paris ce 31 août 1827
Mon cher fils,

[illeg]

[338] Paris 31 août

Mon cher fils voilà déjà quelque temps que je ne t'ai pas écrit. Ma dernière lettre est de Laumont, où j'avais été passer un jour ; marque-moi si tu l'as reçue, ainsi que les autres que tu as dû trouver à Stockholm. L'une des plus essentielles est très ancienne ; je l'ai écrite du temps que tu étais encore à Berlin.

Il y en a d'affranchies et de non affranchies. M. Izarn, et j'ai été touché de cette attention de sa part, non seulement a écrit à l'aumônier de la Reine, avec lequel il est très lié, de te voir dès ton arrivée et de te remettre de l'argent si tu en as besoin jusqu'à concurrence de 1000 francs. Tu feras bien d'aller voir cet aumônier, ainsi que celui de la princesse royale à qui tu es recommandé par M. Olivier, dès que tu seras à Stockholm.

J'ai assez d'argent à toi ; je voudrais que tu eusses conservé la lettre où j'en avais, l'hiver passé, fait le compte. Il ne s'agirait que d'y ajouter ce que j'ai depuis reçu de Mme Fresnel, pour avoir le montant juste.

[339]Une autre chose à faire, dès que tu seras à Stockholm, c'est de voir le célèbre Berzélius ; tu sais qu'il est venu me voir à Paris et tout ce qu'il convient de lui dire de ma part. Tu sais aussi combien il est lié avec Fulgence qui a traduit un ou deux de ses ouvrages. Fulgence est toujours à Rome.

Tu ferais une excellente chose de demander à M. Berzélius cette explication du phénomène dont tu me parles sous le nom de fahlbande ; n'en sachant pas la cause, je l'ai demandée à un minéralogiste qui n'en savait pas plus sur cette cause. Il croit que les filons ont été produits par la sublimation de substances de métaux dans les fentes ouvertes dans l'écorce oxydée du globe. Cela m'a suggéré ce qui suit : On conçoit alors que, quand il se fait, longtemps après, de nouvelles fentes à travers des premières et, dans ces fentes, une nouvelle sublimation métallique, elle a été bien plus abondante là[340] où la première avait déjà élevé des substances métalliques, c'est-à-dire à l'intersection des deux ordres de filons qui se coupent. Ainsi, c'est dans ces intersections que les métaux précieux sont presque toujours, comme dans le cas dont tu parles, beaucoup plus abondants 1.

Mlle Cuvier est toujours dans un grand danger. Mais il a cependant diminué depuis ma dernière [visite], il y a plusieurs jours, où son état était tout à fait désespéré. Quelle doit être la douleur de Mme Cuvier ! Adieu, mon cher fils, je t'embrasse mille fois. A. AMPÈRE.

A monsieur J-J Ampère poste restante à Stockholm, Royaume de Suède
(2) Ampère essaye là d'expliquer les célèbres filons d'argent de Kongsberg qui s'enrichissent à la rencontre de zones pyriteuses, dites fahlbandes.

Please cite as “L710,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L710