To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)    novembre 1801

[Novembre 1801]

[1315]Je viens, ma charmante amie, de chez M. Petetin, à qui j'ai fait toutes les questions Dont nous étions convenus ; il ne voit aucune espèce d' inconvénients à sevrer le petit dont il regarde la coqueluche comme dans le chemin d'une guérison infaillible. Il ne croit pas qu'il lui fût utile de téter davantage et ne craint aucune rechute, soit à cause de l'hiver ou du sevrage. Il te conseille[1316] de lui faire prendre de la décoction réduite à moitié de lichen pyxidatus, mêlée de lait de manière à la lui rendre agréable. S'il n'en veut point, il regarde comme absolument inutile que tu en prennes toimême. Cela aurait même des inconvénients .

Il faut faire tous les remèdes à la fois. C'est pourquoi tu donneras à téter une ou deux fois à ton petit en 24 heures jusqu'au moment de ton départ et je l'irai avertirà celui de ton arrivée 1. Il ne faut plus penser à la diligence, la Saône est trop grosse ; ni à l'âne si le temps est couvert ou froid. Mais, si tu retrouvais un jour comme hier, tu pourrais te servir de ce moyen en t'empaquetant bien et mettant sous tes pieds un caillou chaud enveloppé de linges. Tu n'as pas d'idée comme j'eus beau temps et chaud hier. \en faisant/ Le chemin par S[ain]t-Cyr 2 [1317] n'a jamais de boue, il était hier très sec. Prends-le, je t'en prie, pour pouvoir mettre pied à terre si tu sentais du froid. Rien au monde ne serait plus dangereux. Cette considération me ferait préférer que tu attendisses ta maman, qui tâcherait de venir à la fin de la semaine, pour rendre la santé à sa Julie et profiter d'un moment qu'on ne retrouvera peut[1318]être plus. Elle hâterait son voyage dans ce cas. Mme Périsse, très inquiète du froid, qui pourrait te causer bien du mal, charge élise de ne pas oublier le caillou chaud enveloppé de linges dans la voiture.

Je t'envoie un surtout de 4 l[ivres] 15 s[ols] acheté par M[ada]me Périsse. Si tu en veux d'une autre couleur, ils coûteront 6 1[ivres] 10 s[ols] et ne seront prêts que dans huit [1319] jours. Celui que M[ada]me Périsse a acheté si cher est laid à faire peur, par le brun de fumier dont il est teint. J'aime mieux la couleur de celui que je t'envoie. écris, je t'en prie, tout de suite à ta maman pour tâcher de t'arranger avec elle et fais-moi dire le jour où Guet vous ira chercher s'il fait beau ; tu te rendrais le matin à S[ain]t-Germain après avoir donné à téter au petit de peur que tu ne sois incommodée par ton lait. Ah, ma bonne amie, en grâce, aie soin de toi ! Fais céder tous les obstacles aux soins \exigeances/ de ta santé et à la promptitude de ton voyage qu'il faut hâter pendant que le temps le pe[rmet.] Il semble devenir aussi beau que celui d'hier. Ah, ma Julie, si tu pouvais en profiter aujourd'hui ou demain, [1320] tu ferais \[illisible]/le bonheur de ton mari, de celui qui ne vit que pour [illisible] \toi/, ma Julie, mon amie. Pense à toi pour achever mon bonheur, pour que je te voie bien portante et, s'il est possible, heureuse et tranquil[le.] Adieu, celui qui t'aime te serre dans ses bras, ma Julie. A. AMPÈRE

A Madame Ampère la jeune, à Poleymieux.
(2) Pour la consultation toujours retardée et qui, finalement, eut lieu avec un autre docteur.
(3) Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, au sud de Collonges.

Please cite as “L72,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L72