From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   22 février 1802

[241] Du samedi soir [22 février 1802]

Mon bon ami M. Berger part demain pour Bourg et il a eu la bonté de venir prendre une lettre pour toi. Je suis bien aise de l'avoir vue, il te dira que je me porte bien ainsi que notre petit qui appelle toujours son papa ; \mais/ que sa maman regrette plus que lui sans en rien dire, j'attends une lettre de toi lundi avec bien de l'impatience. Il me semble que tu as à me conter bien des chose, comment tu as fait ton voyage, si tu as été fatigué ou enroué [illisible] en arrivant , où tu loges , où tu manges , où tu dors, à propos ne te sers pas si tôt de tes matelas et surtout sans les bien faire sécher car la pluie a bien pu les atteindre malgré les toile et le [illisible] qui les enveloppaient . Je te dirai mon bon ami, pour commencer mon journal qu'hier, après t'avoir écrit, Élise est arrivée . Nous avons rangé ensemble toutes les drogues dans les rayons . La salle , qui t'a servi si longtemps à tes leçons , nous a servi à dîner et à souper aujourd'hui.

[242] Nous sommes venues dîner aujourd'hui avec ma cousine et ma sœur. Tout le monde ici attend de tes nouvelles avec impatience. On t'aime de bon cœur et cela fait bien plaisir à ta Julie. On a bu du vin blanc à ta santé. J'espère que tu te porteras bien ; tu me l'as promis ; mais tu m' as juré aussi de m'écrire si tu étais un peu malade. Ainsi mon ami, si tu manques à ta première promesse, tiens au moins la seconde . J'ai reçu aujourd'hui une lettre de ta maman avec de l'argent que nous avions avancée pour différentes emplettes . Elle est bien triste de ton départ, elle me charge de lui donner de tes nouvelles et de te dire bien des tendresses pour elle. Tu me feras bien plaisir mon bon ami si tu peux lui écrire une petite lettre car tu sens que cela serait bien triste pour une mère si son fils paraissait ne pas bien sentir de chagrin de la quitter . Adieu, mon bon ami, je t' écris chez mes cousins au milieu des enfants et de la conversation qui roule sur l'amitié. L'un dit qu'on a pas de véritable ami. Pour moi, j'en ai un qui a aussi une véritable amie pour la vie, qui sent encore mieux qu'elle ne dit tout ce qu'elle éprouve pour son André. Adieu, adieu encore , je n'ai plus le temps et l'on fait tant de bruit à présent en parlant des bossus que je ne sais ce[243] ce que je barbouille ; mais je sais que je t'embrasse bien fort, ma soeur, maman, ma tante les enfants et leur père t'envoient aussi mille baisers .

[244]A Monsieur Ampère, chez M. Renaud, près de la prison de Bourg.

Please cite as “L75,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L75