To Claude-Julien Bredin   1er août 1830

Limoges [1er août 1830]

Cher ami, tu comprends que les affaires qui me font voyager cessent aujourd'hui ; je n'irai pas à Bourges comme je te l'avais annoncé. Tout ce qui arrive n'a pas provoqué dans cette ville un coup de poing, une égratignure ; mais mon fils, qui est à Dieppe 1, voudra-t-il venir me trouver à la Ferté, où je vais courir auprès de ma fille ?

Quel bonheur pour moi que ce voyage au bord de la mer avec Mme Récamier et Ballanche ! Dans quelles angoisses ne serais-je pas si je n'avais reçu en arrivant à Limoges une lettre de Jean-Jacques me donnant la certitude qu'il restera loin du centre des orages. Cependant, impossible d'être tranquille tant que je ne saurai pas ce qui se passe ; et comment le savoir ici, où l'on n'a même pas l'idée de ce qui se fait à Orléans ? Si j'étais mort l'année dernière de ma maladie, je ne serais pas accablé d'inquiétudes insupportables. Ah, si du moins je pouvais captiver mes pensées de manière à continuer ce que j'ai commencé : l'explication de mon tableau ! Quelles sont les vues de la Providence dans ces événements ?

Adieu. En grâce, donne-moi de tes nouvelles, rue de Reuilly à la Ferté (Seine-et-Marne).

(2) Au moment de la Révolution de juillet, Jean-Jacques était à Dieppe avec Mme Récamier et Chateaubriand.

Please cite as “L752,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L752