To Jean-Jacques Ampère (fils d'Ampère)   18 octobre 1830

[397] Lundi 18 8bre [octobre] [1830]

Cher ami, j'ai affranchi ce matin un paquet à ton adresse contenant les billets pour que tu me les renvoies signés, et une lettre que je t'écrivis hier sur l'affaire de M. Ride, trop tard pour partir par le courrier d'hier parce que les dimanches on ferme les bureaux de meilleure heure.

Quand elle a été à la poste, je me suis inquiété d'y avoir confié une lettre de cette importance, dont le seul retard me perdrait sans ressource en m'exposant au protest du billet de M. Guérin de Foncin. C'est pourquoi je t'écris un mot pour t'en prévenir afin que, si tu ne reçois pas le paquet avec cette lettre, tu puisses me l'écrire tout de suite. Au retour des[398] billets signés, il y a encore plus de raison que je m'inquiète, follement je crois, en pensant que, s'ils tombaient entre les mains de quelque [escroc] qui y mit un faux "passé à l'ordre " de qui il voudrait en contrefaisant la signature de M. Beuchot-la-Varenne, je me trouverais ruiné. J'ai donc à te faire une prière, ce serait que tu portasses toi-même à la Ferté-sous-Jouarre, le paquet à mon adresse contenant les billets signés, que tu demandasses à parler au directeur de la poste de la Ferté, que tu lui remisses le paquet en lui disant que tu le recommandes. Quand il y a des lettres ainsi recommandées, le directeur les inscrit sur un registre et je peux seul les recevoir, moi dont le nom est sur l'adresse, en signant ici sur un autre registre qu'on m'apporte à cet effet avec la lettre ou paquet recommandé. Tu comprends que, par cette formalité qui ne coûte rien et qui ne cause aucun retard, que la direction des postes a établie depuis quelques années, si ta lettre ne m'arrivait [pas], je ferais constater qu'elle ne m'est pas parvenue et j'aurais en cela une bonne arme contre le faussaire s'il s'en trouvait.

Mets deux cachets à cette lettre : je crois me souvenir que cela est nécessaire pour les lettres recommandées. S'il en fallait par hasard trois, on te le dirait quand tu la remettrais au directeur ; mais je ne le crois pas. Des millions de choses de ma part et de celle d'Albine à toute la famille de Jussieu. Nous[399] t'embrassons tous deux mille fois de tout notre cœur. A. Ampère

[399]Monsieur J-J Ampère chez M. de Jussieu, membre de l'Académie des Sciences, à Vanteuil, près la Ferté-sous-Jouarre, dép[artemen]t de Seine-et-Marne

Please cite as “L756,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 24 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L756