To Michael Faraday   10 avril 1831

10 avril 1831
Monsieur et très cher confrère,

J'ai reçu avec un grand [plaisir] la lettre que vous m'avez fait dernièrement l'honneur de m'écrire. Rien ne peut être plus agréable pour moi que la correspondance d'un savant aussi distingué par des travaux et des découvertes que l'Europe entière a su apprécier. Je voulais moi-même vous prévenir en vous écrivant le premier ; mais j'aurais voulu avoir à vous communiquer quelques nouveaux résultats de recherches que j'ai entreprises depuis que je suis rétabli d'une affection de poitrine qui m'a tenu plus d'un an entre la vie et la mort, et les occupations qui me sont survenues ne m'ont permis de rien achever. Le travail qui m'est imposé ne peut que me détourner des recherches scientifiques auxquelles je voudrais pouvoir donner tout mon temps, tandis que les travaux dont vous êtes chargé tournent, par la manière dont vous les exécutez, au profit des sciences. Telles sont vos recherches sur la fabrication des verres pour les instruments d'astronomie dont les résultats intéressent si vivement tous ceux qui les cultivent, tandis que d'autres expériences qu'elles vous doivent également, ont jeté un nouveau jour sur différentes branches des sciences physiques.

Je profite pour vous écrire du départ pour l'Angleterre de notre ami commun, M. Underwood dont vous connaissez tout le mérite. Il vous dira combien j'ai été sensible à votre souvenir en recevant votre dernière lettre. Ici, il ne se fait guère, dans ce moment, de travaux importants sur les sciences. Ceux de M. élie de Beaumont sur les époques de l'élévation des diverses chaînes, ainsi que sur la position relative de celles qui ont été formées en même [temps], et des découvertes importantes en médecine, surtout celles qui sont relatives aux propriétés médicales de l'iode contre les maladies scrofuleuses me semblent les principales exceptions à ce vide de nouveaux résultats scientifiques qu'on éprouve en France depuis quelque temps. Les passions politiques semblent faire oublier qu'il y a toujours à découvrir dans les sciences.

Je vous prie, Monsieur, d'agréer l'assurance des sentiments que m'ont inspirés depuis longtemps l'amitié que vous avez bien voulu me témoigner et les progrès que vous doivent les sciences dont je me suis occupé plus particulièrement. Je suis, avec la plus haute considération, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. A. Ampère

Please cite as “L763,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 27 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L763