To fils du] [Maréchal de Soult   16 juin 1831

Nîmes [39] 16 juin 1831
Monsieur,

Je ne sais si je dois me flatter que vous aurez conservé quelque souvenir de nos anciennes relations à l'époque où vous étiez à l'école Polytechnique dans la division à laquelle j'étais chargé de faire le cours d'analyse et de mécanique que vous suiviez d'une manière si brillante. Ce sont elles qui m'ont suggéré l'idée de m'adresser à vous, Monsieur, et de vous prier, pendant que mes fonctions d'inspecteur général des études me retiennent loin de Paris, de vous prier d'accorder votre bienveillance à mon gendre qui, au sortir de l'école militaire de Saint-Cyr, a fait ses premières armes à la campagne de Russie, et était depuis plusieurs années chef d'escadron, lorsqu'une maladie très grave, à laquelle contribuaient sans doute les blessures qu'il avait reçues, tant dans cette campagne que l'année suivante dans[40] les plaines de Champagne, l'obligea à quitter pour quelque temps le service, avec un bien faible traitement de réforme pour un temps limité, s'il ne rentrait pas au service avant le terme fixé. Cela eut lieu au mois d'avril 1830. Un an et quelques mois de repos ayant complètement rétabli sa santé, il n'aspire à présent qu'à pouvoir se consacrer de nouveau au service de son pays. C'est dans cette vue qu'il se propose d'adresser au Ministre de la guerre une pétition tendant à obtenir d'être remis en activité. Ses anciens services et d'honorables blessures sont les titres qui parlent en sa faveur. Combien ne deviendraient-ils pas plus puissants si vous daigniez leur prêter votre appui ? Telle est la faveur que j'ose solliciter. Quelles ne seraient pas sa reconnaissance et la mienne si vous vouliez bien permettre à M. Ride (Nicolas-Gabriel) mon gendre, de vous communiquer cette pétition, de lui indiquer la marche qu'il doit suivre et surtout si vous aviez la bonté de l'appuyer.

Je vous prie, Monsieur, d'agréer d'avance l'hommage de cette reconnaissance[41] qui durerait à jamais dans son cœur et dans le mien, et celui de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. A. Ampère de l'Académie royale des Sciences.

Please cite as “L768,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L768