To Jean-Jacques Ampère (fils d'Ampère)   janvier 1832

[Hiver 1831-1832]

[436]Cher ami, d'après ce que tu m'avais dit, je t'ai attendu hier et M. de Sainte-Beuve à dîner, nous ne nous sommes mis à table qu'à plus de 7 heures. Je n'y ai pas regret pourvu que j'en sois dédommagé aujourd'hui. J'espère voir M. de Sainte-Beuve à ma leçon d'aujourd'hui et lui rappeler sa promesse 1. D'ailleurs, m'ayant promis, il n'est pas possible qu'il voulût me faire un aussi grand chagrin que de ne pas la tenir. Mais, comme je ne te verrai pas d'ici là, je te prie en grâce de venir dîner avec M. de Sainte-Beuve, d'autant que Lenoir est venu hier et ne peut pas revenir aujourd'hui, comme je le[437] lui ai proposé samedi dernier. Tout à toi, cher bien-aimé fils. J'ai aussi à te dire plusieurs choses qu'il me serait bien ennuyeux de ne pas pouvoir te faire savoir aujourd'hui. Aussi je compte bien sur toi et sur tes avis dans ce que nous dirons avec M. de Sainte-Beuve. Ce qui ne t'empêchera pas de nous quitter quand tu le voudras. A. Ampère

Monsieur Ampère fils rue du Bac, n° 10 bis, Paris
(2) Sainte-Beuve était en relation avec Jean-Jacques. C'est à lui qu'on avait proposé d'abord le cours à l'Athénée de Marseille que fit Jean-Jacques en 1829. En 1831, Jean-Jacques, maintenant professeur au Collège de France, désira céder à Sainte-Beuve son poste de maître de conférence à l'École Normale. Guizot ayant demandé qu'il restât un an de plus pour laisser à Sainte-Beuve le temps de se constituer des droits, Jean-Jacques fit à son ami le sacrifice de renoncer pour lui à un séjour en Italie : ce qui n'a pas empêché Sainte-Beuve de lui consacrer plus tard quelques phrases désobligeantes. La correspondance de Sainte-Beuve (t. I, p. 509) mentionne, le 25 février 1835, une autre invitation à dîner adressée par Ampère à Sainte-Beuve et à sa mère (Ms Col. Lovenjoul D., 597, fol. 107).

Please cite as “L773,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 18 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L773