From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   24 février 1802

[80] Lyon, le mardi \ mercredi / soir [24 février 1802]

C'est hier , mon bon ami, que j'ai reçu ta lettre que j' attendais lundi avec bien de l'impatience. J' étais toute ennuyée de ne point avoir encore de nouvelles de ton voyage ; [illisible] cela me rendait bien maussade . Ma pauvre maman me [illisible] tranquillisait tant qu'elle pouvait. Mais elle a été bien contente, ainsi que ta Julie, de savoir que tu te portes bien, que tu es en pension chez quelqu'un du pays, et non pas à l'o \au/berge. Ta lettre est plus détaillée que je ne l' espérais tu me dis bien des choses A présent, je voudrais savoir si tu espères avoir une autre personne pour t'aider dans tes expériences, si tu penses qu'on te défrayerais \remboursera / des frais de transport si nous nous établissons là-bas. Si tu as été prendre ma lettre que j'avais remise à Pochon pour porter chez Renaud. Si tu a retiré tes affaires \effets/ qui sont à Bourg depuis jeudi tu ma écrit dimanche que tu ne les avait pas; nous avions dit à Pochon de les garder chez lui jusqu'à ce que tu les fit porter à l'école centrale \réclames/ Mon bon ami, tu es bien sage de me faire un journal ; je veux aussi t'en faire un, quoique je n' aie pas tant de \grand/ chose à t'apprendre. Je sairerais \serrerai/ cependant plus mes lignes que toi pour ne pas te coûter tant de port de lettres et je t'engage pour ménager notre bourse à \en/ faire moin de signe et \à/ ne pas diminuer[81] la quantité de page comme cela \ainsi/ je saver \saurai/ plus de choses. Je t'écrivis samedi par M. Berger \ton élève/, je ne c'est \sais/ si ma lettre est partie. Le dimanche , malgré une grosse pluie, maman, mon petit et moi fûmes dîner au Griffon 1 ; car je ne me pouvais pas souffrir dans la maison ; je ne te voyais plus autour de moi venir me demander tantôt ton chapeau , tantôt ta cravate et je [illisible] \ne/ [illisible] \pouvais pas/ te gronder de chercher bien loin ce qui est sous tes yeux. Enfin , mon bon ami, j'étais triste et tu en sais la cause. Nous [illisible] \revînmes/ du Griffon à la pluie nous fumes chez ma sœur, nous vînmes nous coucher Je ne dormi guaire \guère / le lundi, nous restâmes dans la chambre ; ma sœur vint et nous cosame \causâmes/ de toutes leurs affaires qui sont prêtes à \vont/ être signées et terminées de tout point : Marsil associé pour tout excepté les \pour les/ deux campagnes. Il vint un instant . Il était fatigué d'avoir tant de choses à conduire et disait que, si tout dépendait de lui, il réaliserait deux cent mille livres et qu'il resterait encore un fonds de com\m/erce assez considérable pour bien les occuper . J'étais démontée tristement ce jour-là et, quoique j'éprouvasse du plaisir à les[82] savoir bien, cela me faisait penser tristement \songer/.

Mais, mon bon ami, à quoi sert tous ces racontages , je perds mon papier à te dire des riens [illisible]. Je serais bien fâchée si tu me répondais à ce sujet , j'aime mieux savoir autre chose. D' ailleurs , si tu m'en parlais et qu'on le vit par hasard , on croirait que je suis jalouse et tu sais si je peux l'être de ma sœur et du bon Marsil ; il me reste à te dire que mardi je fus voir les dames Alard avec maman qu Élise n'est pas venue ici depuis le lendemain de ton départ parce qu'elle a été un peu malade, c'est de ne pas dormir. Je lui ai envoyé de tes nouvelles ce matin, ainsi qu'a ta maman ; Cette après-midi, j'ai été avec mon petit chez M[adame] Couppier qui était venu hier savoir de tes nouvelles. Je n'ai point trouvé M. de Lempereur, mais bien une viellie \vieille/ tante à qui tu as tourné la tête et qui voulait afsoliment \absolument/ me faire chanter une chanson que tu avais faite ; elle m'a si fort harcelée que ton ami et sa mère en étaient [illisible] \inquiets/ pour moi elle m'a fait sué et je me suis [illisible] être débarrassé d'elle j'ai trouvér M[a]d[a]me Couppier charmante. Elle a trouvé notre petit un gros [illisible] [illisible] m'a demandé si tu t'étais bien trouvé de Renaud, j'ai dit que tu avais été fort heureux[83] en arrivant de pouvoir aller chez quelqu'un [illisible] donete \d'honnête/ mais que tu étais en pension ; Monsieur Couppier 2 fait beaucoup de cas de M[a]d[a]me Riboud. Dis-moi bien comment tu es reçu dans cette maison, j'en suis bien curieuse si M[adam]e Riboud a l'air toujours aussi froide . En sortant de chez M[adam]e Couppier, j'ai été chez M. Deplace, sa femme n'y était pas, elle était à la fraiche avec sa petite.

M. Deplace m'a parlé de toi et trouve que tu as bien mal fait de tenaler \t'en aller/. Il y en a bien d'autres qui disent de même ; car presque tout le monde c'est \sait/ que cenest \ce n'est/ pas mille écus. Je penserais comme eux si [illeg] ; mais je ne dis rien et le temps nous fera voir plus clair. Je t'ai bien conté toute ma vie depuis que je ne t'ai écrit je voulais ne mettre que cette feuille ; mais je n' ai pas encore dit un mot de tendresse à mon bon ami, qui sait bien que sa femme l'aime de tout son cœur, mais qui n'est point fâché qu'elle le lui répète. Oui, mon bon ami, si tu es triste loin de moi, je trouve aussi que c'est tout différent que lorsque j'étais à S[ain]t-Germain ; je t' attendais toutes les semaines et le temps passait vite.[84] A présent tu es bien loin, mais j' aurai de tes nouvelles. Je ne [illisible] \peux/ pas penser à t' aller trouver avant d'avoir une santé plus forte ; car le voyage de douze lieues me pourait fatiguerait beaucoup ; et puis l' appartement ; et Françoise qui est toujours de même et que je ne peux pas me décider à renvoyer. Tout cela, mon bon ami, met mon esprit à la gêne et je suis à attendre du temps une tranquillité que je voudrais tout de suite. Ne te fatigue cependant pas trop pour moi ! Tu c'est \sais/ que maman a toujours été mon conseil favori ; elle est près de moi ; ainsi je suis aussi bien que je peux l'être loin de celui qui m'aime de si bon cœur. Ton petit est bien gentil il a goûté avec moi et me dit que tu apporteras du bon demain. Adieu mon bon ami, nous remettrons le livre à Pochon si tu peux lui remettre ta loquetière d'ici, avec une lettre, tu me fera\s/ plaisir mais adresse tes lettres tout simplement à m[a]d[am]e Ampère n°18 maison Rosset au 1me étage, cela m'évitera des [illisible] avec mon beau-frère pour le port des lettre [illisible] Tu ferais bien dans ta première lettre de dire un mot pour [illisible] tous \ceux/ qui t'aime\nt/ bien [85] Dit moi quel jour il faut mettre mes lettres ici à la poste, si tu pouvais le savoir j'en serais bien aise car je n'ai pas pu le savoir. J'ai conjecturé que c'est demain. Je te dit mille chose pour tous tes amis mais surtout pour la maison Périsse. J'ai envoyé la lettre à M. Martin ; elle était très à propos et fort bien dite. N'oublie pas ta loquetière .

Adieu, adieu je t'embrasse mille [fois] et me porte bien depuis ta lettre. C'est M. Couppier qui m'a remis la lettre que je t'envoie

Au Citoyen Ampère, chez le Citoyen Beauregard, professeur d'histoire à l'École centrale du département de l'Ain, près l'Église Notre-Dame, à Bourg.
(2) Habitation des Carron.
(3) M. Couppier était depuis longtemps en relation scientifique avec Ampère et on le voit souvent venir rendre visite à Julie (voir p. 117, etc.).

Please cite as “L78,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L78