To Thibaud-Landriot   13 avril 1834

[28] Paris 13 avril 1834

Monsieur, je vous remercie de la lettre que vous avez eu l'attention de m'écrire, et de l'assurance que vous me donnez de nouveau qu'enfin mon ouvrage * marchera. Le 1er avril, j'avais reçu une de vos lettres où j'avais lu avec un plaisir indicible ceci : Je vous adresserai successivement et le plus promptement possible toutes celles qui doivent enfin terminer votre ouvrage. Jugez de mes inquiétudes, de mon désespoir, lorsque, depuis ce 1er avril, j'ai été dix jours sans rien recevoir absolument ! Ce n'est que depuis trois jours que les nouvelles épreuves du tableau me sont parvenues, et aujourd'hui la première feuille de la préface. Pendant ces treize [jours] que je n'ai rien eu à faire, j'aurais eu le temps de mettre le bon à tirer à tout ce qui est composé, si j'avais reçu, comme vous me le faisiez espérer, toutes les feuilles qui doivent terminer mon premier volume, la préface comprise, successivement et le plus tôt possible. Je vous renouvelle la parole que je vous ai déjà donnée, de vous envoyer toutes celles que je recevrai, à partir de celles qui viennent de m'arriver, ou bonnes à tirer, ou avec l'autorisation de M. Gonod quand il y aura des fautes capitales qui me donneraient trop d'inquiétude autrement.

Je ferai cela à l'égard des feuilles en paquet, comptant sur la complaisance de cet excellent ami, pour relire toutes ces épreuves-là, après qu'on les aura mises en pages, parce que je craindrais trop, sans cette précaution, qu'on dérangeât ou transportât des lettres ou qu'on mît des espaces au milieu des mots ou qu'on laissât tomber ceux qui doivent les séparer, comme j'ai remarqué que cela avait eu lieu dans des épreuves que j'ai corrigées l'hiver passé. C'est aussi ce que je ferai pour la dernière feuille de la préface, reçue aujourd'hui, à cause de fautes qui y sont restées, page IX, tellement graves que, si cette page avait été tirée comme je l'ai reçue ce matin, il aurait fallu faire un onglet pour la remplacer.

Je vous renverrai demain cette feuille de la préface par la poste, et je prie M. Gonod de s'assurer que les[29] corrections auront été faites ; après quoi on tirera. Il en sera de même de la dernière épreuve du tableau que je vous renverrai dans deux jours au plus tard. J'ai besoin de la relire encore avec un redoublement d'attention ; car je viens d'y découvrir une faute des plus graves, qui m'était échappée en lisant l'épreuve précédente. On a mis, à la vingt-deuxième ligne de la seconde colonne du troisième tableau : bibliognosie au lieu de mnémiognosie, en sorte que le premier de ces deux mots se trouve deux fois, là et à sa véritable place, et que le second manque. Une pareille faute, si elle était restée, aurait obligé de refaire et de retirer le tableau ; ce qui aurait été une chose bien fatale pour moi. Je n'ai rien de semblable à craindre en confiant la mise du bon à tirer à M. Gonod ; une pareille faute lui aurait sauté aux yeux et il l'aurait corrigée, comme je le supplie de le faire, s'il trouvait jamais des absurdités pareilles, dont je ne me fusse pas aperçu, sur les feuilles dont je lui aurai confié le bon à tirer.

Je répète, Monsieur, la promesse inviolable que je viens de vous faire de renvoyer bonnes à tirer ou confiées à M. Gonod toutes les feuilles que vous m'enverrez. Je ne crains qu'une exception au sujet du carton que j'ai été obligé de faire, par la raison que je vous ai dite dans ma dernière lettre : un changement qui nécessite la recomposition de deux ou trois pages et cela seulement dans le cas où la matière, débordant les limites du carton, m'obligerait à des suppressions. C'est pourquoi il serait extrêmement urgent que vous puissiez me renvoyer le plus tôt possible la feuille et quart de cartons que vous avez reçue dernièrement, sans que cela suspendît, s'il est possible, l'envoi du texte et de la préface où je n'ai plus que des bons à tirer à mettre.

Si vos ouvriers répugnent à en finir, à présent que la chose touche à sa fin, vous pourriez leur promettre de ma part un revenant-bon, que je vous remettrais pour eux en passant à Clermont pour ma tournée avant le milieu du mois prochain. Que je serais heureux si cela pouvait avancer les choses et que je visse mon premier tome en vente avant de quitter Paris ! Mais, pour cela, il faudrait que vous m'accordissiez la grâce de faire composer la table des matières que je vous ai envoyée par M. Champion, dès que mes bons à tirer auront permis de distribuer une partie des caractères des feuilles qui ne sont pas encore tirées.

Paris 14 avril
Monsieur,

Je viens de mettre à la poste la feuille I j où est le titre de l'ouvrage et la préface. J'ai prié M. Gonod d'y mettre le bon à tirer après qu'il se sera assuré que les corrections auront été faites.

Je vous remercie de toute mon âme et suis plein de joie des cinq feuilles qui me sont enfin arrivées ce matin, et que je renverrai après-demain bonnes à tirer ou avec la prière à M. Gonod de la mettre après les avoir relues corrigées, ce qui revient au même. Suivra incessamment le tableau et tout cela pourra être tiré sous peu de jours. Il ne me manque plus que la feuille II j de la préface qui n'était pas avec les autres trois quart de feuilles de cartons, où j'aurai probablement à faire des suppressions, pour qu'il ne dépasse pas les limites où il faut le renfermer, les pages du texte entre celles qui sont tirées et la feuille 15 reçue aujourd'hui avec la suite jusqu'à la fin du tome premier. J'ai, depuis longtemps, de l'inquiétude au sujet de deux feuilles de texte que vous m'aviez annoncées.

[31]Monsieur Thibaud-Landriot, imprimeur libraire, rue S[ain]t-Genest, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)

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