To Balthazar Hubert de Saint-Didier   1er août 1806

[après le 1er août 1806]
[18]Mon cher ami,

Il y a près d'un mois que je reçus une lettre de vous qui me fit bien plaisir, car il n'est rien de plus doux pour moi que de voir que ceux que j'ai aimés pensent encore à moi après que je les ai abandonnés en me fixant à Paris. Oh, je ne les chéris pas moins ! Vous devez m'en vouloir de ne pas vous avoir répondu plus tôt. Mais si vous saviez quelles sont mes occupations. Je n'ai pas absolument un moment de loisir. Cependant, peu de jours après avoir reçu votre lettre, je vous répondis et commençai une longue lettre où je vous faisais les détails que vous me demandez. Je ne sais comment j'ai égaré ce commencement de lettre.

Espérant toujours de la retrouver, j'ai perdu plus de temps à la chercher qu'il ne m'en aurait fallu pour la recommencer. C'est ce que je fais aujourd'hui dans la crainte que vous ne m'accusiez[19] de négligence ou de peu d'amitié. Ce serait une imputation bien injuste.

Pressé par le temps qui m'appelle à l’École polytechnique où je dois donner une leçon dans une heure, je me bornerai à vous dire que tout semble s'être réuni pour me rendre aussi heureux qu'il m'était possible de le devenir, que j'ai deux places, l'une à l’École polytechnique, l'autre au Ministère de l'Intérieur où je suis comme on vous l'aura dit sans doute, secrétaire du bureau consultatif des arts et manufactures. Cela absorbe tout mon temps. A peine m'en reste-t-il pour travailler à un mémoire de mathématiques que je veux présenter à l'Institut et auquel je travaille depuis longtemps sans qu'il avance beaucoup faute de temps. Je ne crois pas qu'il y ait aucune autre[20]physique que celle de M. Haüy * qui mérite d'être étudiée, mais si son grand ouvrage vous effraye, vous pourriez vous procurer un abrégé qui en a été fait par M. Lucas, conservateur adjoint du Muséum d'histoire naturelle. Ce n'est qu'un petit volume in 8° où vous trouverez toute la substance de ce qui est dans le grand traité de M. Haüy.

Ma femme 1 me charge de vous faire mille compliments de sa part, j'y joins mille amitiés de la mienne et vous prie de présenter mon respectueux hommage à Madame votre mère. A. Ampère

[21] A Monsieur de Saint-Didier, à Priay, par Pont d'Ain, d[épartemen]t de l'Ain.
lettre écrite après le 1er août 1806, date du remariage d'Ampère avec Jenny Potot

Please cite as “L844,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 4 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L844