To Académie des sciences (Commission des fonds)   4 décembre 1825

Paris, 4 décembre 1825
Messieurs,

L'Académie a souvent fourni des fonds pour les expériences qui peuvent contribuer aux progrès des sciences, j'en ai moi-même reçu, dans le temps, le prix de plusieurs des instruments que j'avais fait construire il y a quatre ou cinq ans pour diverses expériences. Je n'ai rien demandé depuis quoique ce qui m'avait été remboursé ne fit qu'une assez faible portion de ce que j'avais dépensé, et que la commission d'alors fût disposée à m'accorder une partie du reste sur les fonds de l'année suivante. Je ne crus pas alors devoir profiter de sa bonne volonté à cet égard. Mais actuellement que j'ai dépensé en constructions d'instruments destinés à des expériences nouvelles plus du triple de ce que l'académie a bien voulu m'accorder, et que je me trouve dans le cas de faire construire deux instruments qui destinés à des mesures de précision ne peuvent être exécutés convenablement que par des ouvriers habiles en horlogerie, je me suis flatté que la commission des fonds pourrait, dans l'intérêt de la science, m'accorder les fonds nécessaires à la construction des deux instruments que j'ai décrits dans le mémoire que j'ai lu à la séance de lundi dernier. Il s'agit de constater, indépendamment de toute hypothèse, et par des expériences susceptibles de la plus grande précision, des faits propres à servir de vérification à toute hypothèse conforme à la vérité et à démontrer la fausseté de toute hypothèse qui lui seraient (sic) contraire.

J'ai consulté Mr Bréguet sur le prix auquel il pourrait faire ces instruments. La dépense maximum serait pour l'un de 300 francs, pour l'autre de 500 francs. Il pourrait probablement, après les avoir faits, réduire la dépense à une moindre somme, mais sans pouvoir s'y engager d'avance.

Je pense que l'académie ne refusera pas, si cela lui est possible, d'accorder 800 francs, au maximum, pour deux expériences après lesquelles on aura toutes les données expérimentales nécessaires à ceux qui voudront appliquer les calculs et les théories mathématiques, quelqu'elles soient, aux phénomènes d'attraction et de répulsion observés dans les conducteurs voltaïques.

J'ai l'honneur d'être avec la plus parfaite considération, Messieurs et chers confrères, Votre très humble et très obéissant serviteur A. Ampère

Please cite as “L879,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 24 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L879