To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   10 mars 1802

[1329] Du mercredi matin [10 mars 1802, 19 ventôse]

Je t'écris à la hâte, ma bonne amie, pour t'instruire de la cessation de mon journal pour ce soir et demain. Je reprendrai la plume après-demain pour te rendre compte de ma première séance. Jamais je n'ai été si à court de temps  ; il faut que je fasse un discours d'entrée, je ne le sais que d'hier au soir. Il faudrait huit jours pour le faire comme il faut, et je n'en ai que deux. Je[1330] vais y travailler sans relâche. Si tu m' envoies la machine à faire de l'eau, tu la mettras dans le bain avec mes livres et papiers qui sont encore là-bas. Mais ne m'envoie aucune sorte de fioles ou tubes ; il y en a de pleins placards au laboratoire, et ce serait autant de perdu pour moi.

Je me porte toujours bien, ma bonne amie, et j'attends de tes nouvelles comme on attend un petit morceau de pain quand on est prêt à expirer de faim. Il me semble que la cessation de mon journal est une nouvelle absence qui m'éloigne encore plus de ma bienfaitrice. Quand viendra ce jour de Pâques, qui nous réunira ?

Ta dernière lettre a semblé m'indiquer que cette réunion que j' espérais être de quelques moi[s] ne sera que d'un jour. Prévois-tu une impossibilité absolue, si ta santé allait mieux, de faire, à cette époque où le temps commence[1331] à être beau, un petit tour ici ; nous serions revenus ensemble. écrismoi, ma bonne Julie, écris-moi tout ce que tu penses à cet égard ! Ton mari t'embrasse et le papa de ton petit vous embrasse tous les deux. Adieu, ma bonne amie. A. AMPÈRE

A Madame Ampère-Carron, maison Rosset, n° 18, grande rue Mercière, à Lyon.

Please cite as “L89,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 23 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L89