To Marc-Auguste Pictet   21 octobre 1824

21 octobre 1824
Monsieur très cher et très honorable collègue,

Il y a déjà du temps que d'après ce que m'avait dit M. Maurice je lui remis une note où étaient exposés les principaux résultats du mémoire que j'avais lu à l'Académie des Sciences il y a plus d'un an 1 ; il me promit que vous ne me refuseriez pas d'insérer cette note dans la Bibliothèque Universelle 2 *. Je n'ai pas pu dans le dédale d'occupations et de contrariétés où je vis vous écrire plus tôt, ni même m'éclaircir de ce point que j'ignore si la note dont je parle y a été réellement insérée. Maintenant le mémoire lui-même a paru sous ce titre : Précis de la théorie des phénomènes électro-dynamiques, et j'ai prié M. Aug. de la Rive de vous en offrir un exemplaire ; je vous prie de l'accepter ; j'y ai joint un autre petit écrit contenant la description de l'appareil électro-dynamique le plus commode pour faire toutes les expériences que j'ai imaginées pour démontrer par des faits les résultats de ma théorie sur l'électricité dynamique et la nature des aimants 3.

Si la note qui présentait l'analyse rapide du mémoire sur la théorie des phénomènes électro-dynamiques a déjà paru dans la Bibliothèque Universelle, j'espère de l'amitié que vous m'avez toujours témoignée que vous ne me refuserez pas d'insérer dans votre prochain n° cette simple annonce : Le mémoire lu par M. Ampère à l'Académie des Sciences de Paris le 22 décembre 1823, et dont nous avons rendu compte dans notre n° du mois de ... vient de paraître sous ce titre  : Précis de la théorie des phénomènes électro-dynamiques, à Paris chez Crochard, libraire, rue du Cloître St-Benoît n°16, et chez Bachelier, libraire, quai des Augustins n° 55. On trouve chez les mêmes libraires un autre ouvrage que vient de publier M. Ampère et qui contient la description de l'appareil le plus commode pour toutes les expériences relatives à la nouvelle branche de la physique qui a reçu le nom d'électro-dynamique.

Remarquez que ces deux écrits réunis, pour plus de commodité, dans l'exemplaire que doit vous avoir remis M. Aug. De la Rive se vendent séparément chez les libraires ci-dessus. Mais si la note que M. Maurice vous a envoyée dans le temps n'a pas encore été insérée, je vous supplierai d'en faire un article d'annonce du Précis de la théorie des phénomènes électro-dynamiques dans votre prochain n°, en y joignant s'il est possible l'annonce de la Description d'un appareil électro-dynamique, à peu près comme je viens de la faire quelques lignes plus haut 4. Combien je serais reconnaissant, Monsieur et bien cher collègue, en annonçant dans la Bibliothèque Universelle ces deux ouvrages qu'il est pour moi si important de faire connaître, puisque l'un renferme le complément de ma théorie, et en démontre tellement la vérité par l'accord le plus entier entre les résultats du calcul et les faits que je ne vois pas qu'on puisse à présent ne pas la regarder comme aussi bien démontrée que toute autre théorie physique, et que l'autre fait connaître en détail l'appareil néces[saire] pour faire aisément des expériences s[ur] lesquelles reposent à présent un si grand progrès dans la partie de la physique où l'on traite de l'électricité voltaïque. Je vous prie d'en agréer d'avance tous mes remerciements.

J'ai l'honneur d'être avec autant de respect que de reconnaissance, Monsieur, très cher et très honorable collègue votre très humble et très obéissant serviteur A. Ampère

à Monsieur le professeur Pictet, à Genève, Confédération helvétique
(1) Il s'agit d'un «Mémoire sur l'action mutuelle des courants électriques» présenté devant l'Institut le 22 décembre 1823. Résumant ses précédentes communications, notamment celles des 10 juin, 24 juin, 16 et 23 septembre 1822, Ampère y exposait, à partir d'une formule établie dans ses précédents mémoires, les lois mathématiques de l'action qu'un système de courants électriques fermés exerce sur un élément quelconque d'un autre courant.
(2) Cette note n'a pourtant pas été publiée, peut-être pour ne pas effrayer les lecteurs de la Bibliothèque Universelle par de trop longs développements mathématiques.
(3) Cet instrument, «destiné à mesurer l'intensité de la force électrodynamique en déterminant par l'expérience la durée des oscillations que l'action de deux demi-circonférences faisant partie d'un circuit voltaïque impriment, à diverses distances, à un conducteur mobile circulaire», avait été présenté à l'Académie des Sciences le 16 juin 1823. C'était un moyen de vérifier l'exactitude de la formule d'Ampère différent de celui qu'il avait initialement choisi, à savoir l'observation de situations où un conducteur mobile reste en équilibre entre des forces égales. Son principe (celui de mesurer les oscillations d'un dipôle magnétique à différentes distances d'un fil électrique) avait été imaginé.
(4) L'extrait de ces deux brochures paraîtra dans la Bibl[iothèque] Univ[erselle] de novembre 1824 (t. 27, pp. 192-198).

Please cite as “L901,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 27 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L901